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la compagnie danoise (nommée compagnie d’Afrique) le monopole, pour dix années, du commerce des ports de Salé et de Saffi, moyennant une redevance annuelle de 50,000 piastres fortes d’Espagne. Mais, comme ce traité n’obligea pas le sultan à fermer les ports de Maroc au commerce européen, Abderraman appela tous les commerçans sur les autres points abordables de la côte, notamment à Mogador, lieu voisin de Saffi, à Mazagan, à Casablanca, voisin de Salé. Il diminua les droits de sortie en leur faveur et leur céda divers priviléges refusés à l’établissement danois. La diminution des droits amenant une hausse sur tous les marchés, le commerce intérieur déserta les deux places monopolisées par la compagnie d’Afrique. Celle-ci croula tout à coup, et, contrainte à payer la redevance jusqu’au terme fixé de dix ans, elle fut ruinée. En 1767, le Danemark renouvela son traité, et se soumit à un tribut annuel de 25,000 piastres fortes, qu’il paie encore. Assurance contre une piraterie qui n’existe plus, en faveur d’un commerce qui n’existe pas.

En 1763, la Suède acheta aussi les bonnes graces du sultan, moyennant un présent considérable qu’elle engageait à renouveler chaque année, et qui consistait d’abord en bois de construction, en munitions de guerre et en autres produits de la Suède. Il fut plus tard exigé en argent. Rompu en 1771 par Gustave III, ce ridicule traité fut renouvelé ensuite et greva la Suède d’une somme annuelle de 20,000 piastres fortes, non compris l’arriéré remboursable sur le même pied. La Suède n’a pas le moindre intérêt engagé au Maroc.

En 1839, la Belgique, sous la protection de lord Palmerston, essaya de lier avec le Maroc des relations commerciales qui devaient offrir un écoulement facile et important aux produits des Provinces-Unies. Le consul anglais auquel l’agent belge était recommandé écrivit force dépêches, prodigua les conseils, loua une maison, enrôla des domestiques et des employés pour l’agent belge. Ce dernier ne put aller plus loin que Gibraltar. Après un long séjour sur ce rocher, il perdit patience, et alla promener son oisiveté dans l’Andalousie. Les négociations n’ont pas encore avancé d’un pas. C’était une bonhomie étrange d’imaginer que lord Palmerston ouvrirait au commerce belge la route d’une concurrence aussi dangereuse pour les Anglais.

La Hollande a conclu plusieurs traités avec l’empire de Maroc, dont l’alliance lui a été précieuse pendant la guerre de 1755. Un moment la paix fut rompue parce que le sultan n’avait pas trouvé le cadeau du consul assez riche. Après une démonstration hostile qui n’eut pas grand succès, le gouvernement de Hollande réclama la