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POLITIQUE EXTÉRIEURE.

L’ESPAGNE. — ESPARTERO.

« La dernière révolution, disait il y a quelque temps un journal modéré de Madrid, a commencé par une conspiration, et a fini par une conquête. » Le mot est juste et peint parfaitement la situation de l’Espagne depuis cette époque. Le mouvement de septembre a été originairement le résultat d’une conspiration des exaltés, dans un intérêt de progrès révolutionnaire ; il a fini par tourner au profit de la force militaire, représentée par Espartero, et a donné lieu à une véritable conquête du pays par l’armée. Depuis l’exclusion de la reine régente, ces deux élémens, le principe révolutionnaire et le principe militaire, se sont fait une guerre sourde, tout en ayant l’air de se partager le pouvoir à l’amiable. Le moment semble venu où cette guerre va éclater et se produire au grand jour. La réunion des cortès nouvellement élues ne permet pas de la dissimuler plus long-temps, et la polémique des journaux de Madrid a déjà donné le signal.

La question de l’organisation de la régence est le champ de bataille. Le duc de la Victoire voudrait être régent unique ; les progressistes veulent qu’il y ait trois régens ; voilà la question. Si Espartero l’emporte, le pouvoir de fait qu’il exerce depuis six mois devient un pouvoir de droit, il est dominateur suprême, il s’élève encore ; si, au contraire, le parti exalté réussit, le temps de la déca-