Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 26.djvu/858

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



LA HOLLANDE.

IV.[1]
LITTÉRATURE MODERNE.

Je ne connais pas de pays où l’on ait autant mesuré d’hémistiches et façonné de rimes qu’en Hollande ; pauvres et riches, gens de la ville et gens de la campagne, tout le monde rime. Si positif que l’on soit, il faut bien qu’à certaine heure un rayon d’or, un rêve, un son harmonieux ramène le cœur vers les vagues régions du monde idéal. La rime est ce son harmonieux qui vibre comme un accord du monde mystérieux des songes au milieu des occupations matérielles des Hollandais. La rime récrée le marchand à son comptoir et l’ouvrier à son labeur. Vous êtes assis le soir dans une honnête taverne d’Amsterdam avec trois ou quatre bons bourgeois de la cité, fumant de vrais cigares de la Havane, comme il convient à des gens qui ont une position recommandable, et faisant de la simple prose, de la prose comme M. Jourdain, quand tout à coup, après le plus pacifique entretien et le plus innocent verre de genièvre, voilà que l’ima-

  1. Voyez la livraison du 1er février.