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bientôt une affaire de religion, et que le mathématicien du grand-duc de Toscane serait forcé de se rétracter pour échapper à l’excommunication.

Galilée revint à Florence vers le milieu du mois de septembre 1610, et il reprit ses recherches avec une telle ardeur, qu’au bout de quelques jours il avait découvert les phases de Vénus, qu’il ne fit connaître aux astronomes que sous le voile d’un anagramme. Bientôt il remarqua des changemens notables dans le diamètre apparent de Mars et dans l’éclat de cette planète. À Padoue, il avait découvert déjà les taches du soleil qu’il avait fait voir à Sarpi et à d’autres savans. Il poursuivit ces observations en Toscane, et pendant le séjour qu’il fit à Rome en 1611, au printemps, il montra ces taches à un grand nombre de personnes et à plusieurs cardinaux avides de voir toutes ces nouveautés dans le ciel, que les péripatéticiens s’obstinaient encore à regarder comme incorruptible.

L’étonnement universel que causèrent ces découvertes, à une époque où l’on croyait encore que le ciel et les astres se montraient à nos yeux tels qu’ils sont, la sensation qu’elles produisirent à Rome, les discussions qui s’établirent à cette occasion sur l’immobilité de la terre que Galilée n’adoptait pas, finirent par exciter l’attention de quelques ecclésiastiques influens qui craignirent que ce que Galilée leur montrait ne fût une espèce d’illusion peu conforme aux dogmes de l’église. Le cardinal Bellarmin s’adressa à quatre jésuites, parmi lesquels se trouvait l’astronome Clavius, pour demander leur avis sur ces découvertes : leur réponse a été publiée, et elle prouve qu’à cette époque ils ne repoussaient pas les nouvelles observations. Bientôt Galilée retourna en Toscane couvert de gloire. Il laissait à Rome des amis et des admirateurs enthousiastes, et une association puissante, l’académie des Lincei, qui se proposait pour but un progrès indéfini en toute chose et qui avait adopté ce grand homme pour guide ; mais il y laissait aussi des ennemis, des envieux, et dans les chefs de l’église une méfiance sourde et cachée qui devait grandir peu à peu et se transformer enfin en une persécution ouverte et acharnée.

C’est probablement à son retour de Rome que Galilée inventa le microscope. Cet instrument que, d’après des témoignages beaucoup trop postérieurs, on a attribué à Zacharie Jans de Middelbourg, et que Drebel aurait vu en 1619 en Angleterre comme une chose nouvelle, avait été construit au moins sept ans auparavant par Galilée, qui, suivant Viviani, en envoya un en 1612 au roi de Pologne. Cette