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dernier, sont ceux qui contiennent le plus de renseignemens sur la vie de Galilée. Viviani, qui composa pour le prince Léopold de Médicis une notice biographique sur le philosophe toscan, se vit forcé de taire la plupart des faits relatifs à la sentence de l’inquisition, et de donner des louanges à des princes qui s’étaient montrés si pusillanimes, et si indifférens au mérite de ce grand homme. Viviani fut réduit à déclarer que, si Galilée avait montré quelques dispositions à soutenir le mouvement de la terre, c’est parce que, s’étant élevé jusqu’au ciel par ses admirables découvertes, la Providence éternelle avait permis qu’il se rattachât à la nature humaine par ses erreurs. On comprend le sens de cette phrase à une époque où l’inquisition était encore l’effroi de tous les penseurs ; une biographie tracée sous l’influence de telles craintes ne peut guère inspirer de confiance. Plus tard, il est vrai, on a publié divers écrits sur Galilée, mais ce ne sont trop souvent que des analyses sommaires ou des expositions incomplètes ; les plus considérables de ces biographies, étant rédigées d’après des documens inédits par des hommes presque étrangers aux sciences, sont dénuées de preuves, et l’on peut craindre de voir souvent les idées de l’auteur dénaturées par l’interprétation de l’historien.

On sait généralement que Galilée a inventé le thermomètre, le compas de proportion et le microscope ; que, sur une vague indication, il a deviné et perfectionné le télescope, et qu’armé de ce puissant instrument qu’il dirigea le premier vers le ciel, il a découvert les satellites de Jupiter, les phases de Vénus, les taches et la rotation du soleil, les montagnes et la libration de la lune. On sait aussi qu’après avoir découvert l’isochronisme des oscillations du pendule, il appliqua cette remarque à la mesure du temps et à la musique, comme il a appliqué les observations des satellites de Jupiter à la détermination des longitudes en mer ; qu’il a posé les bases de l’hydrostatique, créé la dynamique en donnant la théorie de la chute des corps, et appliqué le principe des vitesses virtuelles au calcul des effets des machines. Ces faits sont rapportés par les biographes et consignés dans tous les ouvrages d’histoire littéraire. Mais on sait moins que Galilée s’était occupé de toutes les branches de la philosophie naturelle, qu’il avait composé des traités spéciaux sur l’optique, sur le choc des corps, sur le magnétisme, sur le mouvement des animaux, et que, si ces ouvrages ont péri, on en retrouve la substance dans ses autres écrits. Ce n’est qu’en lisant les ouvrages qui nous restent de lui que l’on peut se faire une idée de la pénétration de son esprit, et de la sagacité avec laquelle il savait tirer des phéno-