Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



LE PORTUGAL
DEPUIS
LA RÉVOLUTION DE 1820.

I.

Le Portugal est si près de nous par ses révolutions et tellement éloigné par ses mœurs et ses sentimens, qu’il est très difficile de faire comprendre tout ce qu’il y a de différent et d’opposé dans la situation d’un peuple qui se présente à nous sous des dehors à peu près semblables aux nôtres. Nous ne connaissons guère les pays étrangers que par leurs journaux, partout les gazettes parlent à peu près la même langue, et quand les hommes qui se mêlent des affaires n’ont pas une vie commune avec la masse de la nation, celle-ci reste ignorée ou méconnue. Le public écoute ceux qui parlent et néglige les autres ; il entend les mots de despotisme et de liberté, d’égalité et de priviléges, il croit que ces mots ont en tout lieu la même valeur, et qu’en France et en Portugal il s’agit absolument des mêmes choses. Bien que ce temps soit l’ami du paradoxe, personne ne peut être soupçonné de penser que la liberté et le despotisme influent médiocrement sur le sort des peuples. Il faut cependant reconnaître qu’il y a, indépendamment de toute combinaison politique, quelque chose comme des mœurs nationales, et que les idées théoriques et les