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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 juillet 1841.


Les élections anglaises sont achevées, et bien que nous n’en connaissions pas encore le résultat final, nous pouvons tenir la victoire des tories pour certaine. Ils auront en définitive gagné plus de vingt-cinq siéges dans le parlement, c’est-à-dire une majorité de cinquante à soixante voix. Si ce n’est pas là une majorité très forte, elle peut suffire du moins pour fonder, avec l’appui de la chambre des lords, un gouvernement qui n’est pas sans quelque chance de durée. Cependant l’opposition sera redoutable, violente ; elle soulèvera des tempêtes ; elle s’efforcera de jeter à tout risque le ministère sur les écueils qui peuvent le briser. La manœuvre sera difficile, laborieuse ; il y aura des dangers partout, sur la place publique, dans le parlement, à la cour, en Angleterre, en Irlande. Il faut un pilote aussi calme, aussi habile, aussi persévérant que sir Robert Peel pour inspirer confiance à ceux qui doivent affronter avec lui les périls d’une si grande aventure.

Nous ne partageons pas toutes les opinions de l’illustre baronnet ; nous sommes convaincus qu’il tient pour inviolables des limites que l’Angleterre franchira invinciblement, à une époque moins éloignée peut-être que ne le pense l’aristocratie anglaise. Est-il moins vrai que, comme chef de parti, comme homme politique, il a été admirable de sagacité, d’habileté, et de cette patience digne, calme, prévoyante, qui est le véritable cachet de l’homme d’état ?

Une grande épreuve l’attend. Il peut écrire une belle page de sa biographie, si, comme premier ministre, il conserve sur les siens la même influence qu’il a exercée comme chef de parti, s’il parvient à les plier aux idées de transaction, de conciliation, qui sont à la fois dans la nature de son esprit et