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LES GAULOIS EN ASIE.

Depuis le jour où le titre de métropole de toute la Galatie fut décerné à Ancyre, l’histoire de la province se résume dans celle de la ville. Les autres peuples partagent la destinée des Tectosages, et se trouvent complètement confondus avec eux dans la période qui suivit le règne des césars.

Telles sont donc les conséquences des évènemens que nous avons rapidement retracés. Deux peuples braves et entreprenans viennent l’un après l’autre asseoir leur puissance sur une des belles parties de l’Asie mineure, et tous deux réussissent sans de grands efforts à établir leur autorité d’une manière durable. On ne peut se lasser d’admirer cette grande et sage politique des Romains, qui partout s’annonce par l’éclat des victoires et s’impatronise par les arts de la paix. Après avoir préparé par des moyens odieux pour la morale vulgaire, mais dont la politique ne se fera jamais faute, l’affaiblissement des états qu’elle redoutait, Rome frappe un grand coup sur la nation gauloise ; mais, à peine vaincue, elle lui tend la main, lui conserve ses princes et son gouvernement, et n’annonce son pouvoir dans la capitale des Galates que par la sagesse de ses lois, les prodiges de ses arts et la pompe de ses fêtes.

Les Gaulois n’avaient pas suivi une marche différente. Sans pitié pour les ennemis qui leur opposaient des obstacles, ils se montrèrent voisins secourables pour les princes qui réclamaient leur appui. Ils conservèrent aux villes qui étaient tombées en leur pouvoir leurs lois, leurs croyances et même leurs superstitions. Sous la domination gauloise, la foule des pèlerins n’en accourait pas moins aux panégyries de Pessinunte, et les prêtres de la déesse purent venir processionnellement annoncer aux Romains que le jour de leur domination, prédit par les oracles, était arrivé. Le secret de ces deux peuples, marchant au même but, se cachait sous les mêmes moyens : vaincre d’abord, mais conserver leur dignité aux peuples vaincus, et leur faire oublier, par un gouvernement conforme à leurs besoins, le joug qui en réalité pesait sur eux.

Un coup d’œil général sur la ville et les monumens de la métropole des Galates suffira pour faire voir que l’alliance entre les Romains et les Gaulois fut constante et sincère, et que jamais les nouveaux conquérans ne se démentirent dans la politique qu’ils avaient adoptée.

La ville d’Ancyre (Ankyra) dont on retrouve le nom dans celui de la ville moderne d’Angora, était située vers les sources du Sangarius, et commandait un vaste territoire qu’on appelle aujourd’hui la