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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 août 1841.


Le ministère whig a terminé sa vie politique par une défaite éclatante au sein du parlement. On ne conçoit pas que des hommes de sens et d’expérience aient pu de gaieté de cœur tenter une épreuve dont l’issue, qui n’était douteuse pour personne, était déplorable pour eux-mêmes et fâcheuse pour la couronne.

La question ministérielle avait été irrévocablement décidée par le pays dans les assemblées électorales. Le cabinet de lord Melbourne, ses tendances, son esprit, sa politique, avaient été condamnés par un jugement dont la sévérité avait dépassé les craintes de ses amis et les espérances de ses ennemis. Tous les efforts de lord Palmerston et de ses collègues pour agiter le pays, pour en éveiller les passions, pour le soulever contre les conservateurs, et leur fermer les avenues du pouvoir, avaient complètement échoué. C’était un singulier spectacle que celui d’un gouvernement régulier cherchant à imprimer au pays un mouvement dont nul n’aurait pu calculer les conséquences, si les masses avaient cédé à l’impulsion qu’on s’efforçait de leur donner. Le pays a été plus calme, plus prudent, plus contenu que le pouvoir. Il a réprimé l’audace des gardiens officiels de la paix publique, blâmé leur témérité, et donné à des hommes d’état une sévère leçon de sagesse politique. Nous sommes convaincus que la majorité des électeurs de la Grande-Bretagne ne méconnaît point ce qu’il y a de raisonnable et de nécessaire dans quelques-unes des idées jetées en avant par les whigs ; mais le bon sens populaire s’est indigné de la violence, de la précipitation, de l’inopportunité de ces mesures : il n’y a vu que des expédiens imaginés par un ministère aux abois, une vive préoccupation des intérêts politiques d’un parti plutôt qu’une sincère sollicitude pour les intérêts du peuple.

Après ce verdict du pays, le cabinet n’avait plus qu’à se retirer. La saine politique et sa propre dignité le lui commandaient également. Sans avenir,