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l’Indus. On peut dire qu’on aura sous la main un établissement de banque, car Chikarpore est le foyer de toutes les transactions monétaires de l’Asie occidentale, et n’est qu’à trois cents milles de Dera-Ghazi, entre cette ville et Bombay, qui est le grand marché de l’Inde occidentale. »

Deux ans plus tard, le gouvernement de l’Inde adopte l’idée principale de Burnes, celle de fonder un entrepôt commercial sur l’Indus ; mais il semble que, malgré la conquête du Sindy, devenu pays tributaire, il n’osa pas s’aventurer trop loin de son centre d’action, car il n’alla pas jusqu’à Dera-Ghazi, et s’arrêta plus bas sur le fleuve. Une foire a été établie, en 1840, à Sukkur, près de Chikarpore, et sous la protection du fort de Bukkur, et devait se tenir tous les ans pendant le mois de janvier. Les derniers évènemens ont troublé tous ces plans. Quand les Anglais auront repris, peut-être pour la garder, cette terre funeste de l’Afghanistan, il est probable qu’ils poursuivront leurs desseins avec une vigueur nouvelle. Ils ne trouveront pas, comme on pouvait le croire d’abord, beaucoup de consommateurs sur les rives même de l’Indus ; mais ce fleuve, désormais tributaire, leur donnera la clé du commerce de l’Asie centrale jusqu’à Bokhara. La navigation à la vapeur était déjà employée par les entreprenans Parsis de Bombay jusqu’à Kala-Bagh quand Burnes et ses compagnons remontaient l’Indus, et nous devons noter une découverte importante que fit la mission anglaise dans ses explorations, celle de mines de charbon de terre répandues sur les deux rives à vingt-cinq ou cinquante milles de distance du fleuve. Ainsi, les steamers anglais trouveront dans le haut Indus du combustible en abondance ; la découverte d’un semblable trésor est peut-être le fruit le plus précieux du voyage de Burnes.

Burnes était à Dera-Ghazi le 1er  juin 1837, quand il reçut de Pechawir des nouvelles importantes qui le forcèrent d’accélérer son voyage. La guerre s’était rallumée entre Dost-Mohammed et le roi de Lahore, et le chef de Caboul, s’étant jeté à l’improviste sur l’armée des Sikhs, l’avait complètement battue. Nous avons raconté ailleurs[1] les vicissitudes de cette guerre qui nécessita l’intervention du gouvernement de l’Inde. On put encore voir, en cette occasion, les progrès forcés que la domination anglaise avait faits hors de ses frontières. Les temps étaient changés depuis que le gouvernement de

  1. Voir la Revue du 1er  avril.