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LA MONARCHIE
DES AFGHANS.


Les provinces au-delà de l’Indus qui composaient naguère la monarchie des Afghans ont pris une si grande part d’importance dans la politique anglaise, qu’il ne sera peut-être pas sans intérêt de jeter un coup d’œil sur les évènemens qui se sont accomplis dans cette partie de l’Asie depuis les trente dernières années, et sur la vie des hommes qui y ont joué les premiers rôles. Nous ne remonterons pas au-delà du commencement de ce siècle, car il est déjà peu facile de jeter une certaine clarté dans l’histoire contemporaine de ces pays perdus et dans le récit des révolutions très précipitées et très confuses qui ont amené le démembrement de la monarchie fondée par Ahmed-Shah en 1747. De tous les hommes remarquables qui ont figuré depuis trente ans dans les annales de l’Afghanistan, il n’y en a pas un seul qui soit mort de mort naturelle. La monarchie elle-même n’a pas vécu quatre-vingts ans ; il y avait des Afghans plus vieux qu’elle, et quand Burnes visita Caboul en 1832, il y vit un homme de cent quatorze ans qui avait vu naître et mourir la domination des Douranis.

Timour, fils d Ahmed, mourut, comme nous l’avons dit, en 1793. À sa mort, la monarchie afghane se composait des principautés de Cachemir, de Peschawer, de Candahar, de Caboul et de Hérat. Les Douranis avaient en outre un droit de suzeraineté sur les émirs du Sindy, qui leur payaient tribut. Dans les guerres civiles qui suivirent la mort de Timour, le Cachemir, le plus riche joyau de la couronne des Douranis, tomba entre les mains de Runjet-Singh, roi de Lahore ; Peschawer fut érigé en principauté séparée, sous la suzeraineté de Runjet-Singh, qui lui imposa un tribut ; Hérat, Candahar et Caboul furent également démembrés de la monarchie et formèrent des états indépendans, sous des chefs différens. La principauté de Hérat était, comme