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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/513

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REVUE. — CHRONIQUE.

sions. La messe se célèbre en langue syriaque, que le peuple, en général, ne comprend pas ; mais, à l’Évangile, le prêtre se retourne vers les fidèles et lit à haute voix le texte en langue arabe. La communion se pratique sous les deux espèces : l’hostie est un petit pain rond, non levé. La portion du célébrant est marquée par un cachet ; le reste se coupe en petits morceaux que le prêtre met dans le calice avec le vin, et qu’il administre à chaque personne avec une cuiller qui sert à toute la communauté.

Les prêtres vivent de l’autel et du travail de leurs mains ; ils se livrent à l’agriculture ou exercent des métiers. Les membres du haut clergé, le patriarche et les évêques, jouissent d’une plus grande aisance : ils prélèvent sur leurs ouailles des capitations personnelles, auxquelles les curés et les moines sont soumis comme le peuple.

En reconnaissant la suprématie du pape, le clergé maronite s’est réservé le droit d’élire un patriarche ou batrak. Ce patriarche est élu par les évêques et approuvé par le légat du pape au mont Liban. Ce légat réside au monastère d’Antoura. Il y a dans la montagne un nombre très considérable d’évêques ; il paraît qu’on en rencontre souvent dans les routes, cheminant sur une mule, et suivis par un seul sacristain. La plupart vivent dans les couvens, et ils ne se distinguent des simples prêtres que par une longue robe cramoisie avec une ceinture rouge. Ils exercent dans le Liban une influence sans partage, et pourraient d’un mot soulever la population.

Outre un nombreux clergé, le mont Liban possède plus de 200 monastères d’hommes ou de femmes. Trois ordres religieux sont principalement en vénération dans la montagne : les libaniens, qui ont 22 couvens et 12 hospices, sous la direction d’un père général ; les antonins, qui ont 14 couvens, et les halebys ou alepins, qui ont 5 couvens. Tous ces ordres ont chacun plusieurs couvens de filles qui en dépendent, et dont la surveillance appartient exclusivement au directeur de l’ordre. Il existe encore 8 couvens de religieuses d’ordres divers qui ne relèvent que du légat apostolique, et une multitudes de monastères appartenant soit aux Maronites, soit aux Latins, soit aux Grecs unis. Les lazaristes français ont à Antoura un collége qui était autrefois aux jésuites. Ceux-ci ont encore 2 établissemens dans la montagne. Il y a à Rome un collége de Maronites, fondé par le pape Grégoire XIII, et d’où sont sortis des orientalistes célèbres. Grace à ces moyens d’instruction, les Maronites ont pu devenir souvent ce que sont les Coptes en Égypte et les Persans chez les Afghans, c’est-à-dire les écrivains et les dépositaires des correspondances des Turcs et surtout des Druses.

La règle des monastères est en général celle de saint Antoine ; les moines la pratiquent avec rigueur. Leur vêtement est une robe de bure grossière ; ils ne mangent jamais de viande ; ils ont des jeûnes fréquens et très sévères. Ils mènent une vie très laborieuse, cultivant la terre et exerçant les métiers. Chaque couvent a un frère cordonnier, un frère tailleur, un frère boulanger. Les femmes, dans les couvens, se livrent aussi à des travaux assidus.

Les Maronites ont toujours joui d’une grande liberté dans l’exercice de leur