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entre les deux pays soit définitivement réglé, le soussigné a consenti à ce que les droits de port et autres établis jusqu’ici soient payés comme à l’ordinaire. Des navires de guerre resteront dans le voisinage des factoreries pour la protection de ceux des sujets de sa majesté engagés dans le commerce de Canton. »

De son côté, le commodore Bremer annonçait que les navires marchands pouvaient monter jusqu’à Whampoa, mettant sous la responsabilité particulière de ceux qui profiteraient de cette permission toutes les conséquences qui pourraient résulter pour eux d’une reprise soudaine et possible des hostilités.

La proclamation des autorités chinoises à cette même occasion était conçue d’une manière bien différente : « Yang, etc., et E., gouverneur par intérim des deux provinces de Kouang, etc., publient une proclamation pour rétablir le commerce suivant les usages, et pour que chacun puisse se livrer sans crainte à ses occupations ordinaires.

« Considérant que, le 19 du présent mois, le plénipotentiaire anglais a représenté officiellement que son désir est de conserver la paix, et qu’il ne demande rien autre chose que la permission immédiate de pouvoir commercer comme à l’ordinaire……

« En conséquence, le plénipotentiaire anglais ayant représenté de la manière susdite qu’il ne demande que la liberté de commercer, nous permettons le commerce à toutes les nations, qui souffrent depuis si long-temps de son interruption, montrant ainsi notre compassion, etc. »

Vous devez être surpris, monsieur, de tous ces changemens inattendus ; vous admirez cette patiente résistance des Chinois, qui se retranchent successivement derrière toutes leurs défenses, et vous vous demandez sans doute à quelle circonstance extraordinaire est due cette extrême modération du plénipotentiaire anglais. Je vous ai déjà donné l’explication de ce problème ; elle est tout entière en ces deux mots : l’intérêt commercial. Mais, avant de vous faire part des réflexions que j’ai à vous adresser sur cette nouvelle phase de la guerre anglo-chinoise, je dois vous dire quelles furent les suites immédiates de la suspension des hostilités.

L’escadre anglaise se retira du voisinage de Canton, laissant à Whampoa (douze milles au-dessus de la ville) six corvettes, au fort d’Howqua (six milles) trois autres corvettes ; quatre corvettes et un bateau à vapeur furent placés à l’entrée du passage intérieur, à deux milles au-dessous de la ville ; trois goélettes furent désignées pour servir aux communications entre les diverses stations. Le vaisseau de 74 le Wellesley retourna au Boca-Tigris ; le Blenheim alla jeter l’ancre devant Macao, accompagné du bateau à vapeur la Némésis ; le vaisseau le Melville partit pour l’Angleterre ; la corvette la Samarang et le bateau à vapeur le Madagascar firent voile pour Calcutta. Quelques détachemens de troupes anglaises occupèrent les factoreries étrangères de Canton. C’était deux ans après la publication du fameux édit par lequel Lin demandait la livraison de l’opium. Les navires étrangers laissèrent enfin l’ancrage de Macao pour revenir à Whampoa, et les négocians anglais retournèrent à leurs comptoirs, d’où ils étaient exilés depuis si long-temps.