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haiter. Il est vray, monseigneur, que vous leur avés baillé ung chef (Montmorency) qui est tant digne d’estre votre lieutenant, que je crois que en tout le monde n’en eussiés sceu trouver ung qui en toutes choses approche tant de vous que luy, car parlant à luy, l’on oït vos propous, qui sont pour asseurer toutes les craintes dont ceulx qui contrefont les saiges veulent user ; vous asseurant, monseigneur, que en paroles et en effets, en extrême diligence et vigilance, en doulceur envers ung chascun, en prompte justice, en ordre, en patience à escouter chascun, en prudence de conseil, il monstre bien qu’il est faict de votre main et appris de vous seul, car de nulle autre ne peut-il être disciple ; car de toutes les vertus que Dieu vous a données, il en a pris si bonne part, que vous trouverés en toute chose vostre voulenté suivie. Ce que je vous dis n’est point de moy seule, mais, après avoir parlé à tous les capitaines, l’ung après l’autre, de toutes les sortes et nations que vous avés en camp, ils m’ont dit tout ce que je vous mande, et mille fois davantage, luy portant une amour et une obéissance si grande, que encores entre eux n’y a eu nul débat, et sont ceulx qui de natures étoient contraires, comme frères unis ensemble. Le comte Guillaume (G. de Fustemberg) m’a dict que je vous escripve qu’il y a bien différence du purgatoire honteux d’Italie au paradis glorieux de ce camp, et m’a dict des faultes passées que j’ayme mieux qu’il vous compte que moy, car ils sont importables, principalement voyant, Dieu mercy, tout le contraire en cette armée, qui est telle que je ne vouldroys, pour tous les biens de ce monde, ne l’avoir veue ; car je l’estime tant, que je vous promets ma foy, monseigneur, que, si l’empereur feust venu quant j’y estois, je n’en eusse point bougé, estant toute seure qu’il ne peult nuire à une telle compagnie. Au pis aller, je serois trop heureuse de mourir avecques tant de vertueuses personnes. »

Marguerite de Valois, reine de Navarre, protégeant et cultivant elle-même les lettres, sœur de François Ier, qu’il faut bien distinguer de Marguerite de Valois, reine de Navarre, protégeant et cultivant aussi les lettres, femme de Henri IV, naquit à Angoulême le 11 avril 1492, de Charles d’Orléans, comte d’Angoulême, et de Louise de Savoie. Elle avait deux ans de plus que son frère. À dix-sept ans, elle fut mariée à Charles, dernier duc d’Alençon (1509). En 1525, le duc d’Alençon, revenant de la bataille de Pavie, où il s’était mal comporté, mourut à Lyon, et la laissa veuve sans enfans. La duchesse d’Alençon se remaria le 24 janvier 1527 avec Henri d’Albret, roi de Navarre. Marguerite avait trente-cinq ans et Henri d’Al-