Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
REVUE DES DEUX MONDES.

zodiaque a passé tout entier d’une sphère à l’autre. Ce n’est pas la Grèce qui a imité l’Égypte : ce sont donc les Égyptiens qui ont emprunté le zodiaque grec quand il fut complet. Il ne reste pas d’autre alternative. Le même raisonnement prouve que tous les zodiaques solaires qui ont les mêmes signes que le zodiaque grec complet dérivent de lui, à un âge très récent. Voilà qui bouleversait un peu l’histoire ; cependant M. Letronne n’est pas embarrassé de soutenir sa thèse sur tous les points.

Les Chaldéens ont, à une époque reculée, imaginé le zodiaque solaire. Les Grecs leur doivent l’idée de cette zône céleste et sa division en douze parties ; mais ils ne leur doivent point les figures des constellations. Elles existaient déjà sur la sphère grecque avant l’introduction du zodiaque. Le zodiaque, après être venu de Babylone, a fini par y retourner, sous une nouvelle forme, avec les figures et les noms grecs des constellations. Les astrologues chaldéens, quand leurs superstitions se répandirent dans l’Occident, sentirent le besoin, pour lutter à armes égales avec leurs émules grecs, de s’aider des progrès que l’astronomie avait faits à Alexandrie. Ils adoptèrent ainsi le zodiaque grec, parce que l’école d’Hipparque lui rapportait tous les mouvemens célestes et dressait les tables d’après lui.

Dans les livres anciens des Perses, on ne trouve aucune trace d’astronomie zodiacale. Le Boundehesch, où les signes de notre zodiaque sont cités, est une compilation postérieure au christianisme et même à l’islamisme. Elle n’a donc aucune autorité dans la question qui nous occupe. Les monumens mithriaques ne prouvent rien non plus. On ignore si l’astronomie joue aucun rôle dans ces représentations ; peut-être sont-elles purement religieuses. Tout ce qu’on sait de ces bas-reliefs, c’est que le plus ancien ne remonte pas au-delà du règne d’Adrien, et que leur type principal est emprunté de l’art grec.

Les zodiaques indiens n’ont été trouvés que dans des édifices modernes. Le zodiaque proprement indien est le zodiaque lunaire en vingt-sept nakschatras. La plus ancienne mention du zodiaque solaire se trouve dans Aryabattha, dont l’époque est indiquée par Colebrooke entre 200 et 400 de notre ère. Encore ici tout montre que ce zodiaque a été apporté à l’Inde d’un pays étranger. Les relations commerciales entre l’Inde et l’empire romain avaient, aux premiers siècles de notre ère, pris une grande extension. C’est alors que l’astrologie grecque s’introduisit dans l’Inde. Certaines dénominations purement grecques dont se servent les astrologues indiens rendent