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la pieuse famille que la nation a placée sur le trône, n’a pas voulu rendre incertaines les destinées du pays et l’exposer à de nouvelles et terribles vicissitudes. Quelque douloureux que soit l’accident qui vient de nous frapper, la perpétuité de la maison d’Orléans, de la race élue par le pays, n’est pas moins assurée, et nous espérons que les jeunes princes pourront, pendant longues années, se former, eux aussi, à l’art de gouverner sous l’œil et la direction de l’auguste fondateur de la dynastie de juillet.

Puisse le malheur de ce jour avertir tous les amis de la monarchie et de nos institutions qu’il importe de se serrer de plus en plus autour du trône, en oubliant ces déplorables dissentimens qui divisent le parti constitutionnel ! Puisse aussi le gouvernement comprendre qu’il est indispensable de résoudre à l’avance, par une loi, des questions d’organisation monarchique qu’on ne livrerait pas sans quelque danger aux chances des événemens imprévus et à la violence des partis ! Malgré nos espérances, il est une hypothèse sur laquelle, quelque pénible qu’elle puisse être, les hommes d’état doivent fixer toute leur attention.

Au surplus, nous venons d’apprendre que le gouvernement n’hésite point sur les mesures que commandent les circonstances. Lorsqu’un affreux malheur vient de faire un si grand vide autour du trône, les pouvoirs de l’état doivent s’en rapprocher à la hâte pour que le roi, la famille royale, la dynastie de juillet, trouvent dans le concours empressé, dans le profond dévouement des deux chambres consolation et appui. Les chambres sont convoquées pour le 26 juillet ; une convocation plus rapprochée n’aurait pas laissé aux pairs et aux députés absens le temps d’arriver. Les deux assemblées, on peut l’annoncer sans crainte de se tromper, seront nombreuses : pairs et députés, ils s’empresseront tous de venir protester solennellement de leur adhésion à la dynastie ; ils viendront en quelque sorte sceller de nouveau l’alliance de la nation avec la maison d’Orléans. C’est par le loyal concours de tous les représentans du pays que la dynastie de juillet a contenu l’étranger, vaincu l’anarchie, et doué la France de tant de belles et nobles institutions ; unis au monarque dans les jours de lutte et de succès, les grands pouvoirs de l’état ne se rallieront pas moins autour du trône dans les jours de deuil et de malheur. C’est ainsi qu’ils seront l’expression sincère des sentimens du pays, car la France est consternée de la perte qu’elle vient de faire.

La courte session qui va s’ouvrir ne peut être une session politique. Indépendamment de toute autre considération, les convenances ne permettent pas d’attirer dans ce moment l’attention de la couronne sur tout ce qui n’est pas indispensable et urgent. La loi de la régence est la seule grande mesure qu’on ne doit pas différer. Le gouvernement présentera immédiatement un projet de loi, mais ce ne sera pas une loi organique ; ce sera une loi spéciale, n’ayant d’autre objet que de pourvoir au cas particulier.

Nous ne voulons pas discuter ici, par voie de conjecture, le projet que le ministère portera aux chambres ; disons seulement que, s’il ne s’agit que de