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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/785

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DU CRÉDIT ET DES BANQUES.

de la solvabilité du crédité. Cette fonction est particulièrement caractéristique des banques d’Écosse.

5o Recevoir en dépôt l’argent des particuliers, à charge de le rendre à toute réquisition, tantôt en s’obligeant à payer un intérêt pour les sommes déposées, comme font les banques d’Écosse, tantôt en se chargeant seulement d’effectuer sans rétribution, pour le compte des déposans, tous les paiemens et tous les recouvremens d’effets de commerce, comme fait la banque de France, tantôt enfin en se bornant à effectuer les paiemens par des viremens de parties ou des transferts sur les livres, comme faisaient autrefois les banques de Venise, de Gênes, d’Amsterdam, de Rotterdam et de Hambourg.

Toutes ces opérations, sauf la dernière, qui a son caractère propre et qui exige quelques réflexions à part, ont un rapport direct avec le crédit et ne sont, malgré leur diversité réelle, que le développement d’une même idée. Nous expliquerons le sens de chacune d’elles ; nous montrerons leurs relations ainsi que les différences qui les distinguent, le but où elles tendent, et le bien qu’elles réalisent. Qu’on nous permette de tracer d’abord un aperçu rapide de l’histoire des banques, en les conduisant depuis leur faible et confuse origine jusqu’à ce point de développement où elles sont arrivées dans certains pays.

II.

La première banque dont l’histoire fasse mention est celle qui fut établie à Venise vers le milieu du XIIe siècle. Sous le duc Vitalis Michael, la république, écrasée par les charges de la guerre qu’elle soutenait contre l’empire d’Orient, engagée en même temps dans des hostilités contre l’empire d’Occident, après avoir épuisé toutes ses ressources financières, eut recours à la ressource extrême d’un emprunt forcé sur les citoyens riches. L’emprunt se fit en rentes constituées, pour le paiement desquelles on obligea les revenus de la seigneurie. Les prêteurs furent réunis en une chambre, qui recevait du gouvernement l’intérêt de l’emprunt à raison de 4 pour 100, et le répartissait à ses membres dans la proportion de leur contribution. Cette chambre forma dans la suite la banque de Venise. Quelle que fût dans le principe la nature de ses opérations, et l’on n’a pas à cet égard de données bien certaines, on sait qu’elle devint plus tard une simple banque de virement. Elle recevait en dépôt l’argent des particuliers, et leur ouvrait un crédit jusqu’à concurrence des sommes déposées. Ces crédits se transmettaient par le moyen d’une cession ou virement de parties que les débiteurs faisaient à leurs créanciers, de manière que tous les paiements pouvaient s’effectuer sans le transport du numéraire. La république répondait des sommes déposées à la banque. Elle se montra toujours jalouse de les conserver intactes.

Ce fut dans des circonstances à peu près semblables qu’on établit à Gênes, en 1407, la banque dite de Saint-George, calquée sur celle de Venise. Elle