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d’un conseil législatif et d’une chambre d’assemblée. Le conseil législatif du Bas-Canada comptait trente-quatre membres, y compris l’évêque protestant de Québec. La chambre d’assemblée se composait de quatre-vingt-huit membres, élus pour quatre ans par tous les résidens de la province possédant une propriété du revenu annuel de 2 livres sterling (50 francs) dans les comtés, et dans les villes, de 5 liv. sterl. (125 francs), ou payant un loyer de 10 liv. sterl. (250 fr.). Les fonctions religieuses n’entraînaient nullement la privation des droits électoraux ; seulement les ecclésiastiques ne pouvaient faire partie de la chambre d’assemblée. Les élections se faisaient à vote ouvert. En 1837, on comptait dans le Bas-Canada environ quatre-vingt mille électeurs, dont les neuf dixièmes étaient propriétaires du sol. Durant la session qui se tenait à Québec pendant trois ou quatre mois de l’hiver, les membres de la chambre d’assemblée recevaient une indemnité de 10 shellings (12 fr. 50 cent.) par jour ; le président nommé par la chambre avait un traitement de 900 livres sterling (22,000 fr.). La langue française et la langue anglaise étaient employées dans les débats de cette chambre.

L’accroissement de la population du Bas-Canada, de ses revenus, de son commerce, a certainement été très rapide sous la domination anglaise, mais il ne peut être comparé aux progrès de la province du Haut-Canada, qui semblent tenir du prodige.

La surface du Haut-Canada ne présente que de fertiles vallées légèrement ondulées, coupées çà et là de petites collines qui s’élèvent en formant une suite de plateaux successifs. Au nord et à l’ouest du lac Ontario et du lac Érié, le pays est plat. De cette immense contrée une très petite partie est cultivée ; le reste est couvert de lacs, de rivières et de forêts sans bornes. Tel fut le lot que M. Pitt assigna à l’émigration anglaise par la constitution de 1791. Sous la domination française, cette partie du Canada n’avait jamais renfermé plus de 8,000 habitans ; en 1791, elle en comptait 10,000 ; en 1823, 150,000 ; aujourd’hui elle a une population de plus de 400,000 ames. Nulle part peut-être les instincts créateurs et civilisateurs de la race anglaise n’ont eu un plus rapide développement. Le haut-Canada compte à peine cinquante années d’existence, et déjà il possède tous les avantages matériels d’une civilisation avancée : il a des chemins de fer destinés à relier entre elles toutes les grandes voies de communication naturelle ; un admirable système de canalisation y est en voie d’exécution. Le Rideau-Canal a ouvert, entre Kingston et l’Ottawa, un des affluens les plus considérables du Saint-Lau-