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LA FLÛTE.

De Bouddha, qu’en son cœur il croyait inventer ;
Il l’appliquait à tout, espérant importer
Sa révolution dans sa philosophie ;
Mais des contrebandiers notre âge se défie ;
Bientôt par nos fleurets le défaut est trouvé ;
D’un seul argument fin son ballon fut crevé.


Pour hisser sa nacelle il en gonfla bien d’autres
Que le vent dispersa. Fatigué des apôtres,
Il dépouilla leur froc. (Lui-même le premier
Souriait tristement de cet air cavalier
Dont sa marche, au début, avait été fardée
Et, pour d’obscurs combats, si pesamment bardée ;
Car, plus grave à présent, d’une double lueur
Semblait se réchauffer et s’éclairer son cœur ;
Le bon Sens qui se voit, la Candeur qui l’avoue,
Coloraient en parlant les pâleurs de sa joue.)
Laissant donc les couvens, panthéistes ou non,
Sur la poupe d’un drame il inscrivit son nom
Et vogua sur ces mers aux trompeuses étoiles ;
Mais, faute de savoir, il sombra sous ses voiles
Avant d’avoir montré son pavillon aux airs.
Alors rien devant lui que flots noirs et déserts,
L’océan du travail si chargé de tempêtes
Où chaque vague emporte et brise mille têtes.
Là, flottant quelques jours sans force et sans fanal,
Son esprit surnagea dans les plis d’un journal,
Radeau désespéré que trop souvent déploie
L’équipage affamé qui se perd et se noie.
Il s’y noya de même, et de même, ayant faim,
Fit ce que fait tout homme invalide et sans pain.


« Je gémis, disait-il, d’avoir une pauvre ame