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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 2.djvu/382

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culation des voyageurs à toute distance fût bien active pour compléter ce vide dans la circulation à distances partielles. On sait que, sur tous les chemins de fer qui donnent des produits, le mouvement que donne le parcours partiel, est de beaucoup le plus important. Dans une brochure curieuse, M. Minard l’évalue à 60 pour 100 sur les chemins belges, à 45 pour 100 sur deux chemins anglais, à 60 pour 100 sur le chemin de Lyon à Saint-Etienne, et à 40 pour 100 sur celui de Corbeil ; il est de 75 pour 100 sur le chemin de Strasbourg à Bâle, de 45 pour 100 sur celui de Versailles, et de 40 pour 100 sur celui de Saint-Germain. Quant aux marchandises, il nous paraît probable que la voie de fer n’exercera qu’une faible attraction sur celles qui suivent la route comparativement moins dispendieuse des rivières et des canaux ; il convient de retrancher aussi de la circulation qui est assurée au chemin de fer toutes les marchandises transportées à de courtes distances, et pour lesquelles les frais de transbordement ne seraient pas compensés par l’économie dans les frais de transport que la voie de fer leur offrirait. En réunissant ces deux élémens d’appréciation, on arrive à réduire peut-être des deux tiers l’évaluation de M. Stephenson.

Au reste, le calcul de l’ingénieur anglais, s’il avait quelque degré de certitude, renverserait de fond en comble les données que l’expérience a recueillies. Sur les chemins anglais, ainsi que M. Daru le fait remarquer, le produit du transport des marchandises est à celui du transport des voyageurs comme 1 est à 3. Sur le chemin de Liverpool qui fait exception à cet égard, la recette qui provient des marchandises représente 40 pour 100 du produit total[1]. Encore ne

  1. Les recettes des principaux chemins de fer anglais, en 1842, présentent dans leur décomposition les résultats suivans :

    CHEMINS. TRANSPORT DES VOYAGEURS. VOITURES ET CHEVAUX. MARCHANDISES
    Grand Junction 
    8,070,075 fr. » fr. 2,167,375 fr.
    Great-Western 
    13,149,150 » 3,578,875
    Liverpool et Manchester 
    3,444,495 » 2,501,025
    London et Birmingham 
    13,683,950 1,246,975 5,300,200
    London et Brighton 
    3,536,125 118,725 495,725
    Manchester et Leeds 
    2,935,450 10,650 2,489,425
    North-Midland 
    2,994,475 230,375 2,084,750
    Total 
    47,813,725 fr. 1,616,725 fr. 18,617,375 fr.

    M. Daru porte le revenu brut de tous les chemins anglais, pour l’année 1841, à 100 millions de francs. Pour les sept lignes que nous avons citées, il a été, comme on voit, en 1842, de 68,047,825 francs.