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temps en temps. Il y a dans les parterres des Tuileries de petites pelouses parfaitement entretenues qui ont, à bien peu de chose près, tout l’éclat de la verdure anglaise. Il ne s’agirait que de les multiplier. Au pied des fontaines des Champs-Élysées, par exemple, rien ne serait plus facile que d’en avoir de pareilles. Ces fontaines isolées sur un sol aride où leur eau, en s’échappant, ne forme que de la boue, offrent à l’œil un spectacle imparfait et pénible. Il suffirait d’interdire aux pas des promeneurs un espace plus ou moins grand autour de ces fontaines, en le défendant par une barrière, et d’y semer du gazon qui réussirait infailliblement sous cette rosée perpétuelle. On pourrait même y jeter çà et là quelques massifs d’arbustes à fleurs qui accompagneraient les fontaines sans les cacher. Soit que les arbres des Champs-Élysées aient été trop rapprochés sur plusieurs points, soit pour toute autre cause, beaucoup d’entre eux languissent et meurent : il faut songer à remplir les clairières et peut-être à les étendre pour donner de l’air. Quelques tapis de gazon bien distribués atteindraient admirablement ce double but, et ajouteraient en outre par eux-mêmes à la décoration intérieure des Champs-Élysées. Il y a assez d’espace pour qu’on puisse se permettre cet embellissement, sans craindre de priver le public d’un terrain utile à la circulation.

Quoi qu’il en soit, revenons à Londres, et plaçons-nous cette fois dans les rues. Le mouvement à Londres est moins généralement réparti qu’à Paris ; il se concentre dans certains quartiers où il paraît plus considérable. C’est surtout par le nombre des chevaux et des machines roulantes de tout genre qu’il est extraordinaire. La ligne qu’il parcourt commence à l’ouest dans Oxford-Street, descend vers la Tamise par Regent-Street, tombe dans le Strand par l’est de Pall-Mall et Trafalgar-Square, suit le Strand dans toute sa longueur, entre dans la Cité par Temple-Bar, passe le long de Fleet-Street, tourne autour de Saint-Paul, s’étend d’un bout à l’autre de Cheapside, et va se perdre à l’est dans le fond de la Cité par le carrefour qui s’ouvre devant Mansion-House, et dont une des branches aboutit au pont de Londres ; Le tout forme un développement d’environ deux lieues de France. Le fracas ne commence guère avant onze heures du matin, et ne dure pas au-delà de sept heures du soir, en cette saison ; mais pendant ces huit heures de jour, il arrive souvent que les voitures sont littéralement sur deux files : le moindre obstacle amène dans quelques minutes un encombrement prodigieux. Il y a peu d’habitans de Londres qui ne passent au moins une fois par jour sur