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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 septembre 1843.


L’Angleterre et la France conserveront un long et heureux souvenir de la royale entrevue dont elles ont été, pour ainsi dire, témoins. Les deux pays se sont hautement associés aux deux royautés qui les représentent, et le sentiment national a répondu sur l’une et l’autre rive de la Manche aux sentimens qu’au milieu des splendeurs d’Eu se témoignaient réciproquement et avec effusion la royauté de 1688 et la royauté de juillet.

Certes, il n’y avait rien là de longuement et laborieusement préparé, rien dont la diplomatie ait le droit de s’enorgueillir, comme si c’était sa conception et son œuvre. L’évènement est d’autant plus significatif et important, qu’il a été spontané et naturel. La reine Victoria, en demandant l’hospitalité avec une noble franchise, et Louis-Philippe en allant au-devant de la jeune reine avec une affection empressée et presque paternelle, ont proclamé à la face de l’Europe qu’il n’y avait aucun nuage entre les deux pays, et que la politique n’opposait aucun obstacle sérieux aux relations de bon voisinage et d’amitié entre les deux souverains. C’est là ce qui importe aux amis de la liberté et de la paix du monde. L’entrevue d’Eu a été sans doute un fait complètement en dehors de la politique proprement dite ; mais ce fait n’est pas moins pour nous un heureux symptôme : il nous fait espérer que les deux grands gouvernemens constitutionnels rentreront dans les voies d’où, dans leur intérêt bien entendu, ils n’auraient jamais dû sortir, et qu’ils peuvent de nouveau s’entendre pour arriver à une solution pacifique et digne des grandes questions qui sont encore pendantes en Europe.

L’Espagne est toujours agitée par quelques poignées de factieux. Tous les amis du désordre empruntent le drapeau des ayacuchos, et à leur tour les débris de ce parti cherchent à profiter de tous les auxiliaires que l’émeute, quelque nom qu’elle prenne, trouve toujours dans un pays que l’anarchie et