Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



POETÆ MINORES.[1]

I.
REVUE DU PREMIER SEMESTRE DE 1843.

La poésie tient évidemment la première place dans les manifestations diverses de la pensée : plus vraie en quelque sorte que l’histoire, car elle puise directement dans le cœur de l’homme les sentimens qu’elle exprime ; plus haute encore que la philosophie, car elle rend claires par l’enthousiasme les difficiles déductions de la logique, car elle enferme dans le rhythme et revêt d’une forme à la fois populaire et sublime les vérités immortelles que la spéculation ne sait que démontrer, la poésie hérite de ce qu’il y a de meilleur dans ce que nous sentons, de ce qu’il y a de plus grand dans ce que nous pensons. Elle est comme un effort et un retour du rayon divin tombé en notre ame et qui tend à remonter d’où il est venu, c’est-à-dire à l’éternelle source de toute beauté. Les poètes véritables ne sauraient donc obtenir une trop large place dans l’histoire littéraire aussi bien que dans la critique. Il faut que les plus rebelles adversaires de

  1. Dans la bonne latinité, on prend minores sans trop de défaveur par opposition à majores ; on peut le prendre aussi dans le sens de pejores.