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Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 3.djvu/645

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POLITIQUE COMMERCIALE DE L’ANGLETERRE.

soutenues contre la France par Guillaume III et les whigs sous la reine Anne coûtèrent des sommes immenses. Le gouvernement, dans la crainte de rendre le nouvel établissement odieux au pays, n’osa les demander à l’impôt : il se les procura principalement par l’emprunt, et donna ainsi aux financiers, aux monied men, une influence qui tourna au profit des intérêts commerciaux. La sollicitude du pouvoir pour ces intérêts s’accrut encore lorsque la maison de Hanovre monta sur le trône. La dynastie nouvelle ne rencontrait qu’hostilité ou indifférence dans la propriété (the landed interest, comme disent les Anglais) : elle devait chercher son principal appui dans les classes commerçantes. Dès 1721, cette préoccupation s’annonçait d’une manière remarquable à l’ouverture d’une session parlementaire, dans un discours du roi qui définissait avec une parfaite précision le but et les intérêts permanens de la politique commerciale devenue depuis traditionnelle en Angleterre. « Dans la situation actuelle, disait la couronne, nous nous manquerions à nous-mêmes si nous négligions l’occasion que la paix générale nous offre d’étendre notre commerce, le principal fondement de la richesse et de la grandeur de ce pays. Évidemment, le moyen le plus efficace de remplir cette grande vue d’intérêt public est de donner des facilités nouvelles à l’exportation de nos manufactures et à l’importation des matières qu’elles emploient. Nous assurerons ainsi en notre faveur la balance du commerce, nous verrons notre marine s’accroître, et nous procurerons du travail à un nombre plus considérable de nos pauvres. »

Ce programme avait été tracé par sir Robert Walpole. La persévérance et l’habileté avec lesquelles ce ministre travailla à le réaliser lui ont mérité, malgré les fautes qu’il put commettre dans d’autres parties du gouvernement, la haute renommée qu’il a laissée dans son pays. Un intérêt politique combiné avec un intérêt financier engagea toujours plus avant cet homme d’état dans une voie où l’appelaient déjà ses aptitudes naturelles et son goût passionné pour les travaux calmes et féconds de la paix. Afin de conquérir des amis à la dynastie parmi les grands propriétaires, dont la plupart lui faisaient une opposition systématique, la pensée dominante de sir Robert Walpole était de diminuer les impôts sur la propriété. L’augmentation naturelle des revenus des douanes et de l’excise, c’est-à-dire des contributions fournies par le commerce, lui en facilita une première fois les moyens. Plus tard, aliénant la moitié du fonds d’amortissement (the sinking fund), qu’il avait lui-même créé au commencement de son ministère pour affermir le crédit public, il put abaisser à 10 pour