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100 du revenu foncier la land tax, qu’il avait déjà réduite à 15 pour 100, de 20 où il l’avait trouvée en arrivant au pouvoir, et ce fut un des actes les plus heureux de son administration, celui qui lui valut le plus de popularité dans le pays, et lui gagna le plus d’amis dans le parlement.

Sir Robert Walpole se trouva ainsi conduit à imprimer au système financier de l’Angleterre cette tendance à s’adresser à l’impôt indirect qui a été arrêtée seulement l’année dernière par les mesures de sir Robert Peel. Il avait un grand avantage politique à diminuer la partie du revenu public dont le fardeau pesait sur la propriété ; il s’y voyait secondé par l’accroissement progressif des impôts de consommation, dû à l’extension des affaires commerciales : il s’appliqua à grossir cette dernière branche du revenu, en favorisant de tout son pouvoir le développement du commerce. Pour atteindre ce résultat, l’abaissement des tarifs et la simplification de la perception des droits devinrent sa préoccupation principale. Le plan dans lequel il réunit ses vues sur ce sujet a été regardé par les économistes et les hommes d’état anglais comme une grande pensée ; l’excise scheme, — c’est le nom qu’il a laissé dans l’histoire, — n’était pas seulement en effet une habile manœuvre politique, une sage mesure administrative : ce n’était rien moins que l’application des théories devenues plus tard si célèbres sous la retentissante devise de free trade, de liberté du commerce. Si l’entière abolition de la land tax en faveur de la grande propriété était l’intérêt actuel qui dirigeait Robert Walpole, il s’inspirait, pour le satisfaire, des principes les plus avancés de l’économie politique, de principes que la science n’avait point encore formulés. Il voulait diviser en deux catégories les marchandises d’importation, les unes soumises à des taxes, les autres affranchies de tout droit. Il plaçait parmi celles-ci les principaux objets nécessaires à la vie et les matières premières des manufactures. L’importation libre des objets de grande consommation et des matières premières employées par l’industrie devait, en en diminuant le prix, amener aussi une réduction proportionnelle dans les prix des manufactures anglaises, et par conséquent donner à celles-ci de nouveaux avantages sur les marchés étrangers. Quant aux marchandises taxées, Walpole ne se contentait pas de diminuer les droits auxquels elles étaient déjà soumises : il se proposait encore d’en régler les rapports avec la douane, de manière à assurer plus de liberté et une activité plus fructueuse aux opérations commerciales. Il conçut dans ce but le système des entrepôts. Le négociant