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finitives de M. Ferrari, on ne peut méconnaître en lui une rare aptitude à manier les idées, à saisir le faible des théories, à les blesser au cœur. Ce talent incontestable de critique métaphysique, cette verve de discussion, cette impatience du faux, qui provoque la vérité en brusquant tous les leurres, font vivement désirer que l’auteur ne soit pas enlevé pour toujours à l’enseignement public.


— Nous voulions signaler lors de son apparition le Cours de littérature rédigé par M. Géruzez, d’après le programme pour le baccalauréat ès-lettres. Le temps s’est écoulé, et ce dessein est demeuré sans exécution, comme tant d’autres ; mais pendant le retard dont nous nous accusons, l’ouvrage de M. Géruzez se recommandait lui-même en se faisant réimprimer, et aujourd’hui ce n’est pas la première édition que nous annonçons, c’est la troisième. Le succès est la meilleure des louanges, surtout pour un ouvrage d’une utilité pratique tel que celui de M. Géruzez : nous ajouterons cependant que le livre qui remplit si bien sa destination la dépasse souvent. L’auteur a eu le mérite de placer à côté du précepte de rhétorique consacré dans l’enseignement des appréciations judicieuses et de remarquables esquisses d’histoire littéraire. Dans ce volume, qui contient une réponse complète au programme très étendu de l’Université, se trouvent aussi beaucoup de choses que ne peut exiger aucun programme, de la finesse, du goût, une sage liberté de jugement avec un respect sincère pour les grandes traditions littéraires de la France. La vieille Université n’eût point désavoué les saines doctrines de ce livre, et cependant on sent que l’auteur est de notre temps. Le mérite du Cours de littérature de M. Géruzez, c’est l’admission discrète de l’esprit nouveau de la critique dans les anciens cadres de l’enseignement universitaire. C’est à peu près ainsi qu’eût écrit Rollin, s’il eût été disciple de M. Villemain et contemporain de M. Sainte-Beuve.


V. de Mars.