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ATHÈNES ET LA RÉVOLUTION GRECQUE.

même ; mais elle peut s’indemniser, par les autres produits qui conviennent mieux à son sol, du manque de céréales. — La culture des vignes a pris, depuis quelques années, un grand accroissement. Le vin, avant 1835, ne figurait pas sur la liste des exportations. Depuis cette époque, les procédés de fabrication ayant été perfectionnés, plusieurs navires ont transporté le malvoisie de Grèce en Allemagne, et même à Boston et à New-York. La récolte des raisins de Corinthe a presque doublé. — L’huile d’olive, qui devrait être le principal élément du commerce grec, a été, jusqu’à présent, repoussée des marchés européens à cause de sa mauvaise qualité. De nouveaux procédés de clarification viennent d’être importés tout récemment en Grèce. Des oliviers sauvages ont été greffés dans plusieurs des Cyclades, et particulièrement dans l’île de Tine, où nous avons pu voir que cette expérience avait parfaitement réussi.

On consommait dans le pays pour près d’un million de sucre importé. Depuis quelques années, la betterave a été naturalisée avec succès à Eubée, et une manufacture de sucre indigène vient de s’établir dont on a droit d’attendre les meilleurs résultats. — Les mûriers, qui, au XIIe siècle, étaient si nombreux dans la Morée qu’ils avaient donné leur nom au pays[1], ont été presque entièrement détruits pendant la guerre. De nouvelles plantations viennent d’être faites et l’exportation de la soie a monté, dans ces dernières années, à près d’un million.

La marine marchande s’est relevée peu à peu. De 1838 à 1840, 613 bâtimens de toutes grandeurs sont sortis des chantiers seuls de Syra ; les affaires du cabotage ont triplé depuis 1833 ; enfin, le mouvement général des affaires commerciales, en y comprenant la valeur des exportations, des importations, du transit, du cabotage, s’est élevé, en dix ans, de 26 millions 800,000 drachmes, à 78 millions 800,000. L’organisation de la marine royale laisse encore beaucoup à désirer ; elle a été jusqu’à présent confiée à des Bavarois que la situation de leur pays n’obligeait pas à savoir distinguer le bossoir de la dunette d’un navire. Cependant les vaisseaux du roi, si l’on peut leur donner le titre de vaisseaux, ont fait avec assez de succès une guerre d’extermination aux pirates qui infestaient les côtes du Péloponèse.

D’année en année, le chiffre de l’armée a été diminué ; elle se

  1. D’autres prétendent que le nom de Morée fut donné au Péloponèse à cause de sa configuration géographique, qui présente à peu près la forme d’une feuille de mûrier.