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2,600 milles, avec une multitude de ports, de rivières et de criques, offre de facilités pour des débarquemens clandestins, on a droit de se défier beaucoup des chiffres donnés par les rapports officiels pour les deux ou trois dernières années. M. Heskett, consul à Rio, et son prédécesseur, M. Ouseley, évaluent à 40,000 le nombre des nègres, annuellement débarqués dans la province.

Bahia est après Rio le port où la traite est le plus considérable : vers 1830, on n’y débarquait pas moins de 14 à 15,000 noirs par an ; les documens officiels nous manquent pour la période suivante. Nous savons seulement par les mouvemens du, port que de 20 à 30 navires partent chaque année pour la côte d’Afrique, et que les deux tiers rentrent sur l’est ; ce qui indique des opérations de traite. Nous savons de plus que du 1er janvier au 1er juillet 1843, en 6 mois, 1,870 nègres, furent débarqués à Bahia ou aux environs. Nous croyons donc pouvoir prendre pour moyenne actuelle le tiers de la moyenne d’autrefois, ou 4,000. Pour Pernambuco, voici les chiffres que donnent les rapports anglais : 1839, 1,500 ; 1840, 2,970 ; 1841, 2,907 ; 1842, 924.

Il est impossible de donner aucun chiffre précis pour les ports de Paraiba et de Maranham, où la traite a beaucoup décru ; le consul de Para déclare qu’il n’est point à sa connaissance qu’en 1842 aucun navire ait fait voile de Para pour la côte d’Afrique. Du reste, si la traite a presque disparu de ces trois provinces, il faut attribuer ce résultat surtout à leur pauvreté. Les négriers, ne trouvant point à s’y défaire avantageusement de leur cargaison, ont cessé de s’y rendre. Pernambuco est le grand marché à esclaves des provinces du nord du Brésil ; mais Bahia et surtout Rio-Janeiro attirent presque tous les négriers, qui y trouvent un débit facile de leurs nègres à cause de la richesse des habitans et de l’état prospère de l’agriculture. Souvent même les nègres des autres provinces sont transportés dans celle-là, et il en résulte un cabotage assez actif qui introduit tous les ans à Rio de 4 à 5,000 esclaves. Il faut encore y ajouter les nègres que l’on tire de Montevideo. La république de l’Uruguay ayant aboli l’esclavage pour y substituer une sorte d’apprentissage, beaucoup de propriétaires expédient clandestinement leurs nègres au Brésil, qui les achète ; des navires de la marine impériale brésilienne ont pris part à ce commerce, et plus d’un millier de nègres ont été ainsi amenés annuellement de Montevideo au Brésil. En résumé, si nous prenons 40,000 comme moyenne des nègres introduits à Rio, 4,000 pour Bahia, 3,000 pour Pernambuco, et 3,000 pour les autres provinces et