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POETES FRANCAIS.




GRESSET.

Essai Biographique sur sa Vie et ses Ouvrages.

Par M. D CAYROL.[1]




Alexandre ne voyageait jamais sans emporter avec lui les poèmes d’Homère, et la cassette dans laquelle il les enfermait est restée célèbre. Silius Italicus, dans sa retraite de Naples, avait coutume de fêter le jour de naissance de Virgile plus solennellement que le sien propre, et il n’approchait du tombeau du grand poète que comme d’un temple. Lors de la renaissance des lettres, ce culte pour les prédécesseurs s’est renouvelé sous plus d’une forme, parfois singulière, et il suffit de rappeler ce noble vénitien Naugerius qui, dans son adoration pour Catulle, brûlait chaque année quelques exemplaires de Martial en son honneur. Enfin, sans tant multiplier les exemples, il est bien constant qu’il y a telle chose que la religion et même que la dévotion littéraire : là aussi, on n’adore pas seulement les grands dieux, on se prend aux moindres saints. Saint Paulin, retiré près de Nole, s’était choisi pour patron saint Félix, et il lui adressait chaque année un panégyrique en vers. Il y a telle dévotion littéraire qui fera la

  1. Deux volumes in 8°, chez Dumoulin, quai des Augustins.