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gratuits ? Ainsi se justifie ce que nous avons dit en commençant, qu’en principe le péage n’est pas dû sur les voies navigables. Il convient pourtant de rendre cette vérité plus sensible, en montrant que les exigences de la navigation et de la culture sont à fort peu de chose près les mêmes dans tous les cas.


II. - DE LA CANALISATION DES RIVIÈRES.

L’amélioration d’une rivière admet ordinairement trois séries de travaux, qui sont comme trois degrés successifs conduisant à une canalisation complète. Le premier est l’endiguement, qui tend à resserrer la rivière, à l’emprisonner dans son lit, dont elle est quelquefois sujette à sortir. Le second est l’établissement de barrages destinés à élever le niveau de l’eau, de manière à en conserver un certain volume en toute saison. Le troisième enfin, c’est l’établissement, à côté de chaque barrage, d’une sorte de canal latéral, ou plutôt d’un passage garni d’écluses mobiles, qui permette de franchir l’obstacle que les barrages opposent à la circulation.

L’utilité de l’endiguement de certaines rivières sujettes à inonder leurs bords est tellement évidente, qu’il suffit de la signaler en passant. L’établissement des barrages est d’un autre ordre. Il ne s’agit plus d’empêcher les ravages que les eaux causent par leur surabondance, mais au contraire d’en prévenir l’épuisement. Maintenir un niveau constant, et tel que les campagnes environnantes, aussi bien que les populations riveraines, soient suffisamment abreuvées en toute saison, tel est l’objet de l’établissement des barrages. C’est assez pour en expliquer l’utilité, qui est, du reste, double. Les barrages ont cela de particulier qu’ils engendrent des chutes converties en forces motrices à l’usage des établissemens industriels. Toutefois les services qu’ils rendent ne sont pas sans troubles, et s’ils ont le mérite de maintenir les eaux à un niveau convenable, ils ont aussi le tort grave d’en empêcher, dans les temps de crue, le libre écoulement. Aussi, quand il s’agit d’une rivière de quelque importance, on ne comprend guère l’établissement d’un barrage sans l’accompagnement d’un passage latéral régulièrement organisé. Ce n’est pas seulement pour la circulation des bateaux que ce passage est nécessaire ; il l’est au moins autant pour la sécurité des populations riveraines. Ce n’est donc guère que sur des ruisseaux, sur de petites rivières, que l’on souffre l’établissement des barrages sans cet accompagnement nécessaire, et alors même c’est un mal. Non pas qu’il n’existe toujours, à côté de chaque usine faisant