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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/1136

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par des canaux régulièrement aménagés, on trouverait que ceux-ci donnent, avec moins de désordre et une dépense d’eau qui est peut-être dix, quinze ou vingt fois moins forte, des résultats incomparablement plus étendus. Ces résultats sont aussi plus variés, car les ruisseaux d’Auvergne ne fécondent, et on le comprendra sans peine, que des prés à foin, toute autre culture ne pouvant guère s’accommoder d’un tel système d’irrigation, tandis que les canaux du nord, outre qu’ils entretiennent de magnifiques pâturages toujours frais, toujours verts, rendent à tous les genres de culture les mêmes services.

Il est donc vrai que les canaux sont non-seulement d’excellens moyens d’irrigation, mais encore les seuls réguliers, les seuls vraiment efficaces, les seuls enfin qui, sans désordre, fassent produire aux eaux disponibles d’un pays tout leur effet utile. Comment comprendre maintenant ce qui se passe depuis deux ans au sein de nos assemblées législatives ? D’une part, la question de l’irrigation des terres vient-elle à surgir, on l’accueille avec intérêt, on l’étudie, on la débat avec une sollicitude, sinon très éclairée, au moins très vive. De l’autre, s’agit-il des canaux, on se montre de glace à leur endroit, on va même jusqu’à refuser l’achèvement de ceux qui sont en cours d’exécution. Pourquoi cela ? Serait-ce par hasard que les canaux ont le tort de joindre à l’avantage d’être les meilleurs conduits possibles d’irrigation, celui d’être les voies de communication les plus économiques ? Ce qui est vrai, c’est que les chambres, aussi bien que le public, ont été momentanément égarées par des théories décevantes. Elles reviendront, nous n’en doutons pas, de ces erreurs funestes. Autrement il faudrait désespérer de la santé morale autant que des intérêts matériels du pays.

Quoi qu’il en soit, on voit que pour les canaux, aussi bien que pour les rivières canalisées, la dépense de la construction étant largement payée par les services rendus à la terre, les services rendus à la navigation sont acquis au pays à titre purement gratuit.


IV. -LES CANAUX ET LES CHEMINS DE FER BELGES.

Les pays de l’Europe qui paraissent avoir le mieux compris ces vérités sont la Hollande et la Belgique : non pas qu’en Angleterre la canalisation ne soit aussi avancée, aussi complète ; mais les voies d’eau