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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/1138

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avait eu à choisir, « il aurait repoussé le canal, et il aurait eu pour lui le suffrage des hommes de sens. » Nous jugerions à peine utile de relever ces paroles inconsidérées, si nous n’avions pas lieu de croire qu’elles ont eu malheureusement quelque influence. Il est trop facile pourtant d’en démontrer l’erreur.

D’abord, quand même le gouvernement belge aurait considéré les chemins de fer comme fort supérieurs aux canaux en tant que moyens de transport, il n’aurait pas apparemment repoussé cette portion du canal qui était nécessaire pour rendre à la culture la partie du littoral couverte par les eaux ; il l’aurait toujours entreprise, sinon comme voie navigable, au moins comme moyen’ d’épuisement, et il se serait trouvé par là à peu près au même point où les faits antérieurs l’avaient mis. Quelle que fût donc son opinion quant à la valeur relative des deux modes de communication, il n’avait à cet égard aucun regret à former.

Comment se fait-il ensuite que ce gouvernement, qu’on présente comme subissant à regret l’existence des canaux antérieurs au chemin de fer, vienne lui-même, quand déjà le chemin de fer existe, non-seulement poursuivre le complément des canaux existans, mais encore en proposer et en entreprendre d’autres ? En vérité, ce gouvernement nous paraît faire ici bien peu de cas de ce qu’on appelle le suffrage des hommes de sens. Veut-on en juger, on n’a qu’à lire le passage suivant d’un ouvrage publié en 1842 par le ministre des travaux publics de Belgique, et dans lequel sont exposées les vues du gouvernement pour la canalisation du pays.

« Les projets dont nous proposons l’exécution se partagent en trois catégories : la première comprend ceux qui, par leur caractère d’utilité générale, leur but agricole et commercial, ou le peu de chances qu’ils offrent à la spéculation, demandent à être exécutés par l’état ; la seconde se forme de ceux qui, par leurs spécialités productives, sont susceptibles de péages assez élevés pour devenir l’objet d’entreprises par concession ; dans la troisième rentrent les améliorations motivées par des considérations locales, et qui incombent particulièrement aux provinces et aux communes.

« Dans la première catégorie se rangent le canal de Selzacte, — la mise en grande section des six premières écluses du canal de Charleroi, — l’amélioration du tirant d’eau de la Sambre, — l’amélioration du Rappel, — l’amélioration de la Rendre entre Ath et Alost, — le canal de Bocholt à Herenthals[1] et les améliorations de la Petite-

  1. C’est celui qu’on désigne sous le nom de canal de la Campine.