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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/168

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côte occidentale, jusqu’aux sources du Kistnah, y compris la principauté de Goa, et sur la côte orientale jusqu’à l’embouchure du Godavery : c’était le royaume le plus compact et le plus puissant de toute l’Inde en-deçà du Gange. Le cours du Kistnah en traçait la limite septentrionale ; partout ailleurs cet empire était baigné par la mer. Il comprenait donc la présidence de Madras, telle qu’elle est aujourd’hui constituée, plus le royaume de Mysore, les possessions portugaises de la présidence de Bombay.

Malheureusement, dans l’intervalle d’un siècle et demi, depuis la fondation de l’empire du Carnate, en 1344, jusqu’en 1500, période de prospérité toujours croissante, les historiens ne nous ont conservé ni la succession exacte des princes qui ont passé sur le trône, ni les évènemens qui ont marqué leurs différens règnes. C’est le plus souvent à quelques inscriptions ou à la tradition locale que nous devons les noms de ceux qui se sont le plus distingués, tels que Achyata-Raja, Vitala-Raja, etc. Quelquefois aussi, un voyageur qui a contemplé les magnificences de Vijayanagar nous laisse en quelques mots l’expression de son enthousiasme. Ainsi Khondemir raconte qu’un ambassadeur de l’empereur Sharokh était à la cour de Vijayanagar en l’année 1443 de l’ère chrétienne, et tout en faisant la part du style oriental de cet écrivain, notre admiration est singulièrement excitée par sa description de la ville. Hérat, la capitale de l’empereur Sharokh, une des plus populeuses et des plus magnifiques cités de l’Asie, ne pouvait, dans l’opinion de l’ambassadeur, être comparée à Vijayanagar.

Nous ne trouvons, dans les historiens persans, de renseignemens moins décousus que sur le règne le plus brillant et le plus tourmenté, le premier de la décadence, celui des deux frères associés, Narsinga-Raja et Crishna-Raja, de 1500 à 1545. C’est alors seulement que Ferishtah, dans son histoire des souverains du Dekhan, nous apprend que la ville de Vijayanagar avait été, pendant deux siècles, considérée comme imprenable par les conquérans musulmans ; qu’il nous parle de leurs armées traversant, au commencement du XVIe siècle, diverses parties du Carnate, assiégeant et prenant plusieurs places fortes qui en dépendent, quelquefois même tout près de la capitale, mais sans oser entamer celle-ci. Nous avions en vain cherché des documens plus précis sur cette période de décadence, quand un heureux hasard fit tomber entre nos mains un livre qui ne se trouve probablement que dans la bibliothèque de Nancy. Ce livre, qui avait appartenu à la bibliothèque particulière du monastère de l’Annonciade, situé autrefois dans la même ville, est intitulé : Histoire de