Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
REVUE DES DEUX MONDES.

Espagne, repoussent énergiquement le mariage de la reine avec le fils aîné de don Carlos. Les chefs de la fraction puritaine du parti modéré se prononcent également contre la candidature du comte de Trapani. Le nom du fils de don Carlos est considéré comme un symbole de réaction. Le gouvernement espagnol a envoyé à toutes les autorités du royaume une circulaire énergique, où il rappelle que don Carlos et sa famille sont hors la loi, et où il déclare que tous ceux qui serviraient leurs prétentions seront jugés comme traîtres par les conseils de guerre. L’Espagne compte sur la France dans cette nouvelle crise, et les paroles que M. Guizot a prononcées dernièrement devant la chambre des députés, en réponse au discours de M. Billault, paraissent avoir produit une impression favorable sur les esprits.

On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, de la négociation de M. Rossi près du saint père. Des lettres de Rome disent qu’elle a échoué complètement ; d’autres font entrevoir qu’après de grandes difficultés L’habile négociateur a gagné du terrain, et qu’il a déjà obtenu des concessions. Quoi qu’il en soit, de nouvelles violences éclatent dans l’épiscopat français. M. l’archevêque de Toulouse publie un manifeste où il prend ouvertement la défense des jésuites. À l’entendre, la France est livrée à l’impiété ; dans les jésuites, elle attaque la religion. Nous devons croire à la sincérité de M. l’archevêque de Toulouse, mais nous ne discuterons pas avec lui. Nous n’essaierons pas de lui prouver que la France est religieuse, que la religion et les jésuites n’ont rien de commun, que les intentions de la France à l’égard du clergé sont excellentes, et que le clergé nuirait à sa propre cause en la confondant avec celle des jésuites, que repoussent nos lois et les invincibles répugnances du pays. Il y a long-temps que toutes ces vérités sont démontrées. Nous nous contenterons de renvoyer le vénérable prélat à la lettre pastorale que M. l’évêque de Montauban vient d’adresser à son diocèse au sujet du manuel de M. Dupin. Si M. l’évêque de Montauban n’approuve pas le manuel, au moins il se garde bien de dire que la France est impie. Il assure au contraire que la religion n’est pas en danger, et, pour mieux protéger les intérêts de la foi, il rappelle à ses curés qu’ils tic doivent admettre pour prêcher dans leurs églises que des prêtres pourvus d’un titre ou d’un emploi ecclésiastique ; ce qui veut dire que la prédication ne doit pas être permise aux jésuites.


V. de Mars.