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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/208

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mexicain n’était donc pas uni et compact ; il recélait des fermens de division ; une politique habile pouvait s’y ménager des auxiliaires pour s’y faire jour et le renverser. L’ouverture du cacique, est accueillie avec amitié. On va marcher sur Cempoalla : toutefois, avant de se mettre en route, Cortez assure sa position personnelle. A la faveur d’une organisation nouvelle, fondée sur l’indépendance qu’avaient alors les communes en Espagne, il rompt les liens de subordination apparente qui l’attachent au gouverneur de Cuba, Velasquez. Cette révolution s’opère sans qu’il paraisse faire rien de plus que de suivre le mouvement, au moyen de l’établissement d’une colonie qui, en vertu de son droit municipal, nomme ses officiers. Quelques jours après, on est à Cempoalla, aux acclamations des populations indiennes. Cortez compromet habilement le cacique vis-à-vis des Aztèques par un affront qu’il le décide à faire, sans la participation ostensible des Espagnols, aux collecteurs qui venaient chercher-le tribut de la part de l’empereur. Il le réconcilie ensuite avec une peuplade voisine et lui garantit sa protection envers et contre tous ; en même temps il entreprend de le convertir. Le cacique proposait le mariage de huit jeunes filles prises dans les familles les plus considérables de la principauté avec des officiers espagnols. Cortez accepte, à la condition qu’elles seront baptisées, et intime au cacique qu’il faut que lui-même il devienne chrétien. L’Indien veut argumenter, il déclare qu’il résistera à toute tentative contre les images de ses dieux : il remontre que, s’il était réduit à l’impuissance, les dieux sauraient bien se venger eux-mêmes ; mais les Espagnols sont révoltés de cette sanguinaire idolâtrie et des festins de cannibales où on dévore les victimes dans une infernale communion. Ils poussent des cris d’enthousiasme quand leur général leur dit qu’il faut en finir ; car, s’ils supportent plus long-temps, le spectacle de ce culte diabolique, Dieu, qui seul peut les faire réussir, se retirera d’eux. Ils suivent Cortez, qui s’élance vers le temple l’épée à la main. Le cacique appelle ses guerriers aux armes et barre le chemin aux Espagnols avec ses prêtres aux cheveux épars et aux robes noires tachées de sang. Cortez fait saisir et entourer par ses soldats le chef, les principaux prêtres et les plus illustres guerriers des Totonaques. « Vous êtes des insensés, leur dit-il, vous n’avez de refuge qu’en moi ; car, si je vous abandonnais, la main de Montezuma s’appesantirait aussitôt sur vous. Il faut donc que vous m’obéissiez, et je veux la destruction de vos idoles. » Le cacique à cette pensée s’incline, et, se cachant la figure dans les mains, il s’écrie que Cortez fasse ce qu’il voudra, mais que la colère des dieux va se manifester