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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/219

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qu’il lui plaît d’aller vivre parmi ses amis les Espagnols. Il y est reçu d’ailleurs avec le respect le plus affecté. Sa maison, avec son luxe éclatant, le suit dans cette captivité.

Une fois Montezuma entre ses mains, Cortez lui fait apercevoir que, s’il est souverain à Tenochtitlan, il n’en est pas moins le vassal du roi d’Espagne. L’infortuné Quauhpopoca est jugé, condamné, brûlé vif, et, pendant la durée de l’exécution, Montezuma, comme un vassal félon, est mis aux fers. De ce jour, Montezuma dut être déshonoré à ses propres yeux. Vainement, après le supplice de Quauhpopoca, Cortez se remet à le traiter avec tous les signes extérieurs du respect : Montezuma se sent déchu au fond de l’ame, et son influence parmi les populations est ébranlée. Le jeune roi de Tezcuco, Cacamatzin, qui lui doit la couronne, qui est son neveu, exprime hautement son indignation, et commence à organiser la résistance. Montezuma lui enjoint de venir auprès de lui ; Cacamatzin répond qu’il compte bien, en effet, paraître dans Tenochtitlan, mais que ce sera pour restaurer la religion dégradée, rendre à l’empire son renom et sa liberté ; qu’il ira, la main non sur la poitrine, dans l’attitude d’un suppliant, mais sur la poignée de son épée, pour exterminer ces Espagnols qui ont infligé tant d’ignominie aux nations d’Anahuac. Cacamatzin poursuivait son dessein, lorsque Montezuma, perfide envers ceux qui se dévouent pour lui, et lâche comme la perfidie l’est toujours, le fait saisir dans un palais où il l’avait convié à une conférence, et le livre à Cortez. Un prince plus souple est placé sur le trône de Tezcuco. Délivré de tout embarras de ce côté, le conquistador, pour qui une concession obtenue de Montezuma n’est qu’un moyen d’en obtenir une autre plus grande, exige du malheureux empereur un dernier sacrifice, la reconnaissance expresse et formelle de la souveraineté de Charles-Quint et de son propre pouvoir. Dès leur premier entretien, Montezuma, si l’on doit en croire les historiens espagnols, lui avait exprimé qu’il était porté à s’avouer le vassal du roi d’Espagne.

Tous les chefs de l’empire sont donc convoqués en une espèce de parlement. Du haut de son trône, Montezuma leur rappelle la tradition de Quetzalcoatl. « Vous vous souvenez, leur dit-il, que ce dieu en partant annonça qu’il reviendrait pour reprendre parmi nous l’autorité suprême. Le temps prédit est arrivé : ces hommes blancs viennent des pays situés au-delà des mers, du côté où le soleil se lève, et ils revendiquent pour leur roi le pouvoir suprême en notre pays. Je suis prêt à le leur abandonner. Vous qui avez été mes fidèles vassaux