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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/225

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Deux héros principalement firent le salut de tous, le général d’abord, et l’audacieux Alvarado, qui se surpassa au point d’arracher des cris d’admiration aux Aztèques. Il arrive démonté en un endroit où la chaussée est coupée. Les cavaliers, serrés les uns contre les autres, ont pu passer en se jetant dans le lac, et, avec eux, ils ont conduit une partie de la troupe de l’autre côté de la brèche ; mais il est seul, lui : il était demeuré en arrière pour contenir les assaillans. Il semble qu’il ne peut échapper, lorsque, s’appuyant sur sa longue lance et appelant à lui toute sa vigueur, qui était prodigieuse, il franchit la largeur de la brèche d’un saut ; puis d’un regard il nargue les ennemis étonnés, qui s’écrient qu’il est véritablement le fils chéri du Soleil. Le saut d’Alvarado est demeuré célèbre. Le lieu où la scène se passa porte aujourd’hui le nom de Saut d’Alvarado, et, de tous ses exploits, c’est celui qu’on choisit pour lui faire son nom historique. Le premier lieutenant de Cortez, le conquérant du royaume de Quiché, est désigné dans les chroniques comme Alvarado-du-Saut.

Une fois sur la terre ferme, Cortez trouve une armée qui l’attaque, Alors s’engage la bataille d’Otwmba qu’il gagne après avoir cru, comme César à Munda, que c’en était fait, et qu’il ne lui restait plus qu’à mourir glorieusement. De là, il va se refaire parmi les Tlascaltèques et s’y apprête à revenir sur Tenochtitlan avec des ressources nouvelles. Je passe sur les démarches par lesquelles il s’assure de la fidélité des gens de Tlascala, sur les expéditions qui rétablirent parmi les populations son crédit ébranlé par les désastres de la noche triste, sur les alliances qu’il forme, sur les mécontentemens qu’il apaise, ainsi que sur les complots qu’il conjure parmi les siens. C’est une série d’évènemens et d’incidens qui tiennent du prodige ; je glisse de même sur l’ambassade envoyée par les Aztèques à Tlascala, afin de supplier les Tlascaltèques de se concerter avec tout le pays d’Anahuac pour écarter ces cruels étrangers, ennemis des hommes et des dieux, et sur les débats que soulèvent ces envoyés dans le sénat de Tlascala. C’est beau cependant comme les plus dramatiques séances du sénat romain. Arrivons avec Cortez devant Mexico, où il se présente à la tête d’une armée fort nombreuse d’auxiliaires dont il a perfectionné l’armement, qu’il a soumise, sous plusieurs rapports, à une loi sévère. Une flotte de treize brigantins portant de l’artillerie doit opérer sur le lac.

Le frère de Montezuma, qui avait succédé à l’empire, est mort, après un règne de quatre mois, de la petite vérole, importée par Narvaez. A sa place a été choisi Guatimozin, neveu et gendre de Montezuma,