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Considérant que la gaieté
Sommeille un peu dans cette ville ;
Sous les auspices de Panard,
Vadé, Piron, Collé, Favart,
Ont regretté du bon vieux âge
Le badinage
Qui s’enfuit ;
Et, pour en rétablir l’usage,
Sont convenus de ce qui suit :


Et, après la rédaction rimée des divers articles du règlement, la commission signait en bonnes formes :

Au nom de l’Assemblée entière,
Paraphé, ne varietur.
Paris, ce deux vendémiaire,
Radet, Piis, Deschamps, Ségur.


De là les Dîners du Vaudeville, qui fournirent une carrière assez brillante, et ne prirent fin qu’aux approches de l’Empire[1]. Un peu plus tôt, un peu plus tard, l’aimable société avait son terme marqué vers ce moment qui enleva plusieurs de ses principaux convives : l’un des Ségur mourut, l’aîné devenait maître des cérémonies ; Després, nommé secrétaire des commandemens du roi de Hollande, et d’autres membres encore, appelés à de graves fonctions officielles, durent renoncer à des amusemens qui semblaient incompatibles avec l’étiquette renaissante. Le décorum impérial ne passait rien ; il était très raide, comme quelque chose de très neuf. De plus jeunes et de moins compromis dans les honneurs survinrent donc, et se groupèrent de toutes parts en frairies à la ronde. J’omets cette foule de réunions moins en vue et vouées à une goguette moins choisie, qui pullulèrent alors, et qui n’ont pas laissé de traces ni d’archives ; mais l’institution qui sembla l’héritière directe des Dîners du Vaudeville, et qui représente la gaieté sous l’Empire, comme l’autre réunion l’avait représentée sous le Directoire et sous le Consulat, ce fut la société du Rocher de Cancale ou du Caveau moderne. Nous y trouvons tout d’abord Desaugiers.

La gaieté sous l’Empire différa un peu de celle du Directoire ; elle se régla davantage sans cesser d’être abondante, elle se simplifia. Sous

  1. On a la collection des chansons qu’on y chantait et qui se publiaient par cahier chaque mois, plus ou moins régulièrement, à partir de vendémiaire an V (septembre 1796).