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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/241

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empire, là gît à la fois le secret de son affligeante décadence et celui de sa régénération encore possible. Cortez était un de ces géans dont la main vigoureuse imprime une impulsion si forte, qu’il n’est plus possible à un peuple de s’y soustraire, même après des siècles et quand le moteur a disparu. Le cachet de cet homme est empreint sur tout ce qui reste debout dans le Mexique, même sur ce qui a été fondé après lui. Ces beaux pays sont exclusivement catholiques, et les peuples qui y sont établis, imbus de la vie catholique jusqu’à la moelle des os, n’ont de chance que par le catholicisme et avec le catholicisme. Ceux qui les ont étudiés sont aujourd’hui à se demander si le Mexique ira s’abîmer dans la barbarie, ou s’il subira une conquête nouvelle en vertu de laquelle il passerait sous le joug pesant d’une race protestante qui se flatte que la domination du monde lui a été promise, et qui, à l’égard du Mexique, est déjà enivrée des succès qu’elle a eus au Texas, ou si, au contraire, les populations qui couvrent aujourd’hui cette magnifique contrée resteront indépendantes et se remettront en marche dans les voies de la prospérité et de la civilisation. À cause du rang que possède le Mexique dans le Nouveau-Monde, on peut croire que toutes les républiques jadis colonies de l’Espagne suivront sa destinée, quelles qu’elles soient. Or, la question qui d’ici à peu d’années se résoudra pour le Mexique, et dont la solution paraît devoir s’appliquer au nouveau continent presque tout entier, est plus voisine qu’on ne le pense de celle qui consisterait à savoir si le génie du catholicisme, mis en contact avec le génie du protestantisme, peut en supporter la rivalité, ou encore si de nos jours le catholicisme peut donner de la sève à un peuple qui paraît frappé de langueur et au moment de succomber. Faisons-le remarquer, notre patrie a plus que personne un immense intérêt engagé dans cette question, car elle a été, elle est encore le coryphée des peuples catholiques ; c’est de là qu’elle a tiré sa grandeur.


MICHEL CHEVALIER.