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l’aspect de jaspes divers, de schistes micacés ou talqueux. Ces métamorphoses, en faisant disparaître les caractères primitifs des terrains, en les fondant les uns dans les autres par des nuances insensibles, embarrassent souvent le géologue, et pour l’Altaï en particulier M. de Tchihatcheff s’est vu réduit à laisser sans les classer un grand nombre d’entre eux sous la dénomination commune de terrains anciens indéterminés.

Quelques-uns de ces phénomènes de métamorphisme paraissent dus uniquement à l’action de la chaleur. L’analyse retrouve alors dans la roche nouvelle les mêmes élémens que dans celle dont elle n’est qu’une modification. Dans bien des cas aussi, elle nous révèle l’apparition de quelque principe nouveau, par exemple de l’acide sulfurique, de la magnésie, de la silice. Ici l’explication semble devenir plus difficile. Comment concevoir la pénétration de ces corps au milieu de masses compactes qui ne paraissent avoir rien perdu de leur solidité ? Un fait qui se reproduit chaque jour dans nos usines permet de se rendre raison de ce phénomène. Pour changer le fer en acier, il suffit de le chauffer dans de la poussière de charbon. Bien que la température ne soit nullement à comparer à celle que possèdent les roches en fusion vomies par les fissures du globe, une petite quantité de carbone se volatilise et pénètre jusqu’au cœur du morceau de fer, qui se trouve avoir changé de nature, avoir acquis toutes les propriétés de l’acier. C’est en petit une expérience de métamorphisme.

La stabilité de certains élémens tels que la- silice ou la magnésie ne doit pas faire rejeter cette explication. M. Laurent a prouvé, par des expériences directes, que sous l’influence d’une température élevée les corps les moins volatiles en apparence, comme l’oxide de fer, pénètrent dans la masse des corps qui les environnent. M. Gaudin, en employant la flamme développée par un mélange d’hydrogène et d’oxygène, a fondu et volatilisé la silice, la magnésie, la chaux. Ainsi rien ne s’oppose à ce que nous regardions comme étant de la même nature les faits de cémentation que nous produisons tous les jours et ceux de métamorphisme que nous présente la nature. Il n’y a d’autre différence que dans la nature des substances, la grandeur des appareils et des résultats.

Le terrain houiller présente dans l’Altaï un remarquable développement et se rattache peut-être, selon M. Élie de Beaumont, à la vaste formation carbonifère dont quelques voyageurs intrépides nous ont révélé l’existence au milieu de l’Asie centrale. La houille elle-même a été trouvée sur plusieurs points. Dans le bassin de Kouznetzk en particulier,