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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/251

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ce combustible forme probablement un dépôt de 250 kilomètres de long sur 100 kilomètres de largeur moyenne. Si cette délimitation est exacte, ce serait là un des plus immenses amas de houille que l’on connaisse, et bien qu’ici cette substance se rapproche de l’anthracite par sa composition, bien qu’elle soit par conséquent d’une qualité inférieure à nos bonnes houilles de France, elle n’en offrira pas moins des ressources précieuses aux populations futures de ces froides régions.

Les roches du terrain carbonifère et des formations voisines contiennent en général de nombreux fossiles animaux ou végétaux. L’Altaï n’a pas manqué de fournir son tribut de renseignemens sur ces créations antiques, et parmi les échantillons recueillis par M. de Tchihatcheff, il s’est trouvé quelques espèces nouvelles. L’examen des végétaux a surtout fourni une remarque importante à M. Gceppert, que notre voyageur avait prié d’examiner ses richesses botaniques. Le savant professeur de Breslau a reconnu que la structure des bois fossiles de l’Altaï était presque entièrement semblable à celle des araucaria de la Nouvelle-Hollande et s’éloignait de celle de tous nos arbres ordinaires. Ce fait avait déjà été reconnu vrai pour les bois fossiles recueillis en Europe : il semble, d’après le travail de M. Goeppert, acquérir une véritable généralité, et l’on peut en tirer la conclusion qu’à l’époque de la formation des houilles, des espèces végétales presque entièrement semblables, peut-être identiques, couvraient nos climats tempérés et les déserts de la Sibérie, tandis qu’aujourd’hui ces mêmes espèces n’ont plus d’analogues que dans les régions australes. Ce que nous savons sur les conditions de la végétation nous autorise donc à conclure que pendant cette période une température uniforme et élevée enveloppait tous les points du globe, et que les différences de climats, si tranchées de nos jours, n’existaient pas encore.

L’Altaï renferme de nombreux gîtes métallifères presque tous placés dans des formations neptuniennes ou d’origine aqueuse, mais tous voisins des granites, comme si leur présence tenait à l’action de cette roche même. Parmi ces mines, il en est de cuivre et de fer dont l’exploitation est rendue des plus faciles par la nature du minerai. Les deux usines de Tomsk et de Salaïr produisent annuellement à elles seules plus de 500,000 kilogrammes de fer pur.

On trouve dans l’Altaï un grand nombre de mines d’argent. M. de Tchihatcheff en a visité treize. Quelques-unes sont très productives. Celle de Zméeff, dont la découverte fit connaître, il y a une cinquantaine