Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’années, les richesses cachées de ces régions, donnait, dans les premiers temps de son exploitation, près de 1 kilogramme d’argent pour 16 kilogrammes de minerai. Aujourd’hui qu’elle est épuisée, on fouille religieusement les déblais qu’au temps de l’abondance on avait dédaigneusement rejetés, et on en tire encore 4 à 5 grammes d’argent sur 16 kilogrammes de matière brute. Les mines de Rydersk et de Krukof donnent de 34 à 47 grammes de métal pour 16 kilogrammes de minerai. Enfin, les mines de Salaïr, que nous avons vu donner du fer, fournissent aussi par année près de 900 kilogrammes d’argent. Cette exploitation va, du reste, recevoir de grands développemens. L’usine doit être montée de manière à pouvoir fondre tous les ans 500,000 poudes de minerai, ce qui donnera au moins 1,500 à 1,800 kilogrammes d’argent pur.

Considérées dans leur ensemble, les chaînes de l’Altaï se présentent comme un massif formant un demi-cercle irrégulier, dont la concavité est tournée à l’ouest. Cette partie du pays dont nous parlons peut être considérée, a dit M. de Humboldt, comme un cap énorme, tenant par son extrémité méridionale au continent des terrains anciens de l’Asie centrale, et entouré de tous les autres côtés par une vaste mer de dépôts diluviens. Ces derniers pénètrent dans les anfractuosités des districts montagneux, et y forment comme autant de golfes. Quelquefois aussi on les trouve dans l’intérieur, étendus comme des lacs solides au fond de quelques bassins particuliers. Partout la composition de ces dépôts est la même. Ils consistent uniquement en fragmens et débris plus ou moins triturés appartenant aux roches qui constituent la charpente solide du grand édifice dont ils enveloppent et recouvrent la base.

C’est dans ces dépôts que gisent les plus grandes richesses de l’Altaï, richesses tellement considérables, qu’elles ne tarderont peut-être pas à opérer dans l’Europe entière une révolution analogue à celle qui résulta de l’importation des trésors du Pérou. C’est au milieu de ces détritus, arrachés aux roches voisines par des courans dont l’origine est inconnue, qu’on trouve ces sables dont un simple lavage extrait des monceaux d’or. Ce métal précieux semble disséminé dans presque toute la contrée. M. de Tchihatcheff cite dix-sept localités différentes où l’exploitation de l’or est en pleine activité, et lui-même en a découvert plusieurs autres où peut-être s’exercera bientôt cette industrie lucrative.

Nous possédons encore trop peu de données pour essayer de résoudre le problème de la formation des sables aurifères en général ou