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de ceux de l’Altaï en particulier. Cependant M. de Tchihatcheff a réuni quelques faits d’où il paraît résulter que l’or semble affectionner ou fuir certaines roches, bien que les unes et les autres aient une même origine et appartiennent également au groupe des roches ignées. Ainsi, dans l’Altaï, dans l’Oural, les dépôts aurifères se trouvent toujours dans le voisinage des diorites, tandis que la présence du granit est de mauvais augure pour celui qui cherche un nouveau gîte de minerai. M. de Humboldt nous a appris qu’à Haïti la trituration artificielle de cette même diorite met à nu les parcelles d’or disséminées dans la masse, mais qu’on n’y trouve jamais ce métal en filon. A Bornéo, d’après M. Horner, les dépôts aurifères se trouvent également dans le voisinage de roches analogues à la diorite. Là aussi le granite est très rare, et quand il se montre, il revêt quelques-uns des caractères de cette roche privilégiée. Ces exemples, et bien d’autres encore, pourraient faire supposer que, lors de leur irruption en masses incandescentes à travers les couches solides du globe, certaines roches ont été imprégnées d’or par une action analogue à celle dont nous avons parlé plus haut. Au reste, le phénomène dont nous parlons n’est pas particulier à ce métal ; on l’observe également pour le platine dans les monts Oural, où les roches composées en partie de serpentine semblent avoir de même servi d'agent platinifère.

Comme nous l’avons dit plus haut, le nombre des exploitations d’or dans l’Altaï est considérable. La ville de Krasnoyarsk peut être regardée comme un des chefs-lieux de cette industrie, et c’est là que M. de Tchihatcheff a recueilli les renseignemens les plus circonstanciés à cet égard. En 1842, les seuls districts de Kaïnsk et de Yeniseisk avaient fourni près de 500 poudes ou 6,150 kil. d’or pur. Les orpailleurs ou propriétaires des mines estiment à 100 pour 100 le minimum d’intérêt que puisse rapporter une mise de fonds engagée dans ces lavages productifs. Un bénéfice de 800 ou 850 pour 100 est regardé par eux comme représentant le taux ordinaire. Bien souvent cette limite est dépassée. On en jugera par l’exemple suivant. M. de Tchihatcheff cite un orpailleur, M. Miasnikoff, dont l’exploitation ne datait que de trois ans. La première année produisit seulement 10 poudes d’or (163 kilogrammes environ) ; la seconde rapporta 36 poudes (587 kilogrammes) ; avant la fin de la troisième année, bien que la campagne ne fût pas terminée, M. Miasnikoff avait déjà recueilli plus de 80 poudes (1,300 kilogrammes) d’or pur, représentant une valeur d’environ 4,500,000 francs. Les frais d’exploitation réduisent, il est vrai, ce produit brut à 2,400,000 francs ; de plus, les 20 pour 100 prélevés par