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venons de citer, faire une réflexion rassurante pour la stabilité de la fortune publique. L’influence des métaux précieux est loin d’être aujourd’hui ce qu’elle fut autrefois, et une énorme quantité d’or versée tout à coup dans le commerce ne saurait amener des secousses semblables à celles que produisirent en Espagne les trésors du Mexique et du Pérou. Dans notre siècle d’industrie, le charbon de terre et le fer remuent plus de capitaux que l’or et les diamans. La houille produit annuellement près de 180 millions, et le fer plus de 500 millions.

Quoi qu’il en soit, la Russie favorise autant que possible l’industrie des orpailleurs. A l’exception des districts de Kolyvane et de Nertchinsk qui appartiennent au gouvernement, les immenses dépôts de la Sibérie sont ouverts aux entrepreneurs de toutes les nations. Il suffit d’adresser au ministère des finances une demande formelle à cet égard pour obtenir la concession du terrain qu’on désire exploiter. Cependant cette concession ne s’accorde que pour douze ans, et n’assigne à chaque particulier qu’un lot d’environ 5 kilomètres de long sur 250 mètres de large.

Le lavage des sables se fait sous la surveillance de divers agens du gouvernement chargés de prévenir et de juger les contestations qui peuvent surgir entre les concessionnaires sur leurs limites respectives, de régler les relations entre les maîtres et les ouvriers, de prélever sur les produits ce qui revient à l’état. Grace à ces mesures, il règne dans ces contrées une sécurité bien remarquable. Chaque jour, on voit des milliers d’ouvriers, presque tous condamnés par la loi, remettre entre les mains d’un inspecteur, fort seulement de son ascendant, les trésors qu’ils ont recueillis. Au milieu de quelque chétive cabane, on entasse des monceaux d’or, qui plus tard, répartis sur des chariots, se rendent tranquillement à Barnaoul et franchissent plusieurs milliers de kilomètres, marchant à petites journées, et n’ayant pour escorte qu’un cosaque qui fume tranquillement sa pipe sans même s’embarrasser d’armes qu’il sait devoir être inutiles.

L’exploitation des sables aurifères de l’Altaï est généralement des plus faciles. Le plus souvent ces dépôts sont à fleur du sol ou recouverts seulement d’une mince couche de terre végétale qu’on enlève pour exploiter à ciel ouvert. Si cette couche acquiert une épaisseur trop considérable, on ouvre une tranchée, puis on attaque le minerai directement, et les ouvrages souterrains qu’entraîne cette manière d’opérer ne sont jamais bien compliqués, à raison du peu d’épaisseur des dépôts exploitables. Il est cependant quelques localités qui nécessitent des modifications dans le mode d’extraction des sables. Sur les