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de voir dans cette circonstance toute technique l’explication de cette toison symbolique dont la renommée attira sur les rivages de Colchos l’élite des héros de la Grèce mythologique ?

Les contrées que baigne le Pont-Euxin conservent encore des traces de leurs antiques trésors. Les fouilles entreprises par ordre du gouvernement russe dans l’ancienne Tauride mettent chaque jour à découvert des tombeaux dont la richesse contraste d’une manière frappante avec la pauvreté des sépultures grecques. Dans les parages où florissaient jadis Phanagoria, Hersonèse, Olbia, Tynas, l’or est bien plus abondant que dans aucune autre des localités d’Europe et d’Asie explorées de nos jours comme pouvant présenter quelques restes de l’industrie ou du luxe des peuples qui les habitèrent. A Kertch surtout, l’ancienne Panticapée, ce métal est répandu avec une magnifique profusion dans les demeures sépulcrales. La moitié des objets qu’on y trouve sont en or pur ou en electrum, alliage d’or et d’argent. Ici comme au Pérou, l’or est souvent employé à des usages secondaires qui en attestent l’abondance. Souvent un camée, une pierre de peu de valeur, sont enchâssés dans un encadrement d’or massif d’une valeur bien supérieure. Jamais cependant il n’a existé de mines d’or en Tauride. Il est donc très probable que les colonies grecques placées dans le voisinage des barbares ne firent que tirer parti de leur position, et, pour employer l’expression du voyageur russe, amenèrent dans leur enceinte le fleuve d’or de l’Oural et de l’Altaï.

La flore de l’Altaï, à en juger par le nombre de plantes qu’a recueillies M. de Tchihatcheff, n’est pas très riche, et ne compte qu’environ deux cent cinquante espèces. Plusieurs d’entre elles se retrouvent dans nos Alpes européennes, et les arbres surtout donnent à ces contrées éloignées un aspect général très semblable à la physionomie sévère que le sapin imprime au paysage dans nos gorges élevées. Cette observation s’accorde, du reste, avec une des lois que la nature semble s’être imposée dans la production des êtres organisés. Le froid semble restreindre le nombre et la variété des manifestations de la vie. Dans toutes les régions glacées, on trouve beaucoup moins d’espèces, soit animales, soit végétales ; mais, généralement, cette diminution dans le nombre des différences spécifiques est compensée par la multiplication plus grande des individus. La faune ou la flore des contrées boréales est bien plus uniforme que celle des régions plus chaudes ; elle n’est peut-être pas moins nombreuse. Cette proposition, au moins dans ce qu’elle a de général, est confirmée par un très beau travail que M. Brandt, membre de l’académie impériale de Saint-Pétersbourg,