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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/283

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pendant que les provenances du canal suivent le cours du fleuve vers le midi, le chemin de fer remonte vers le nord jusqu’à Lyon. A lui, et à lui seul, appartient donc d’abord l’approvisionnement de cette grande ville et de ses dépendances. A Lyon, les provenances du chemin de fer sont versées dans la Saône, fleuve tranquille et lent, qu’elles remontent sans peine et dont elles approvisionnent tout le bassin. De la Saône, elles passent ou dans le canal de Bourgogne, qui revient vers le centre de la France en traversant toute la riche province dont il porte le nom, ou dans le canal du Rhône au Rhin, qui s’incline vers lest. Par cette dernière voie, elles vont approvisionner Mulhouse et l’industrieuse Alsace. À ce point, les débouchés du canal et ceux du chemin de fer ne sont déjà plus comparables ; ce n’est pourtant encore, par rapport à ce dernier, qu’une branche de son exploitation.

En retour de la ligne que nous venons de parcourir, le chemin de fer ne s’arrête point à Saint-Étienne ; il se prolonge en arrière vers la Loire, qu’il va toucher en deux endroits, à Andrezieux et à Roanne. Les houilles expédiées dans cette direction sont donc versées dans la Loire, bien près de la source du fleuve, dont elles peuvent parcourir dans toute son étendue et à la descente l’immense bassin. De ce côté, elles rencontrent, il est vrai, quelques concurrences, mais presque toujours locales, et dont elles triompheraient facilement grace à leur excellente qualité et à leur prix, si le chemin de fer ne les grevait, dès leur départ, de frais de transport considérables. De la Loire, elles peuvent entrer dans les divers canaux qui, au nombre de quatre, coupent la partie centrale de la France, savoir : le canal du Centre, ceux du Nivernais, de Briare et d’Orléans ; enfin, soit par ces derniers canaux, soit par le canal de Bourgogne, elles viennent approvisionner, outre les points intermédiaires, la vallée de l’Yonne, la vallée de la Seine et Paris.

Nous n’avons pas besoin de faire ressortir l’importance et l’étendue de cette exploitation, surtout rapprochée de l’exploitation du canal de Givors. Il y a là une disproportion qui frappe les yeux. Eh bien ! ce n’est pas tout. Avec cette supériorité déjà si évidente de position, le chemin de fer peut encore disputer au canal le débouché qui lui est propre sans que l’avantage soit réciproque. En effet, ce dernier n’entre en communication, nous l’avons vu, ni avec la Saône ni avec la Loire aussi les régions de l’est, du nord et de l’ouest de la France lui sont comme interdites. Toute son activité est tournée vers le midi par sa communication avec le Rhône. Le chemin de fer, au