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divers pour y répondre. Et voilà précisément pourquoi les chemins de fer et les canaux sont loin de s’exclure ; voilà pourquoi ces deux modes de transport peuvent et doivent exister concurremment, lorsque le mouvement des choses et des personnes est assez actif pour les alimenter l’un et l’autre. Voilà pourquoi un pays pourvu d’une population nombreuse et d’un commerce florissant n’est vraiment satisfait que lorsque ces deux agens de la circulation concourent à le servir.


IV. – DES FRAIS ACCESSOIRES.

La supériorité des voies navigables n’est pas moins sensible en ce qui concerne les frais accessoires dont il nous reste à parler. Pour le comprendre, il suffit de considérer les positions. Les voies navigables entrent dans les villes et les parcourent souvent dans leur longueur. On peut même dire qu’il n’y a guère de ville importante qui ne soit assise sur un cours d’eau, fleuve, rivière ou canal, plus ou moins accessible aux bateaux. C’est qu’en effet les voies d’eau appellent les populations sur leurs bords par les avantages de toute nature qu’elles leur offrent ; aussi se trouvent-elles généralement en contact direct avec elles sur une grande partie de leur parcours. Il y a plus : au sein des villes, ce sont en général les établissemens industriels d’une certaine importance, et surtout ceux qui ont fréquemment à expédier ou à recevoir des marchandises pesantes, qui affectionnent les bords des voies d’eau et viennent s’y asseoir de préférence. Ils y sont doublement attirés et par le besoin d’avoir à leur portée l’eau, dont ils font ordinairement un grand usage, et par la facilité qu’ils y trouvent pour l’expédition et la réception des marchandises.

Ce qui est vrai dans l’intérieur des villes ne l’est pas moins au dehors. Voulez-vous voir et reconnaître le plus grand nombre possible des établissemens industriels d’un pays : suivez les voies d’eau, vous les verrez presque tous assis sur leurs rives. Que s’il en est qui s’en éloignent, c’est que des motifs particuliers et très graves les appellent dans certains endroits déterminés, ou qu’ils ne sont pas de nature à pouvoir être déplacés, comme, par exemple, les mines, qu’il faut bien prendre où elles se trouvent. Ainsi, soit dans les villes, soit au dehors, les voies navigables sont partout en contact direct non-seulement avec les populations groupées sur leurs rives, mais encore et surtout avec les établissemens industriels, points de départ ou lieux de destination des gros transports. Le chargement et le déchargement s’effectuent donc, dans le plus grand nombre des cas, à la porte même des usines.