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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/300

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affaires, et qu’on n’y arrive qu’en passant par la filière des bureaux. Ajoutons que les stations de chemins de fer seront toujours beaucoup plus entourées de cafés, de restaurans pour les voyageurs, ale maisons pour les employés, d’ateliers ou de magasins pour le service de la voie, que d’établissemens industriels proprement dits.

Il y a même ici une observation à faire, moins évidente peut-être que celles qui précèdent, et qui demande encore à être confirmée par l’expérience, mais que nous croyons fondée : c’est que jamais les stations de chemin de fer ne se placeront, quoi qu’on fasse, au centre du mouvement industriel. Outre qu’elles y seraient elles-mêmes fort mal à l’aise, avec leurs dépendances ordinaires, avec les nécessités rigoureuses de leur service, elles seraient pour tout leur entourage objet constant de gêne et d’ennui, bien différentes en cela des voies navigables qui, à tous égards, semblent inviter les populations industrielles à fréquenter leurs abords. Elles pourront donc s’approcher, autant qu’elles le voudront, des centres commerciaux ; elles n’y pénétreront jamais. Nous voyons aujourd’hui un grand nombre de villes insister pour que les lignes de fer qui les rencontrent pénètrent dans leur enceinte, et offrir même de payer, par des sacrifices pécuniaires considérables, cet avantage problématique. Telle est, par : exemple, la ville de bille, qui paraît tenir à cette faveur d’une manière particulière, bien qu’elle étouffe déjà dans ses remparts trop étroits, et qu’il ne s’y trouve plus depuis long-temps la moindre place disponible, même pour y bâtir une maison. Si c’est dans l’intérêt des voyageurs que cette ville réclame un tel privilège, nous n’avons rien à dire, sinon qu’elle paierait un peu cher un avantage fort mince ; si c’est, au contraire, dans l’intérêt des marchandises et de leur facile déchargement, nous croyons qu’elle sera doublement trompée dans son calcul. En supposant, en effet, ce qui n’est pas d’ailleurs probable, car bille jouit d’excellens canaux ; en supposant, disons-nous, que la station du chemin de fer dans cette ville devienne le centre d’un mouvement de marchandises considérable, il est à présumer que, tôt ou tard, le chemin de fer, bien que pénétrant dans l’intérieur de la ville, serait forcé d’établir la gare des marchandises au dehors. C’est.ainsi que le chemin de Rouen, qui pénètre dans Paris, tient une gare séparée pour les marchandises aux Batignolles.

Quoi qu’il arrive, du reste, à cet égard, un chemin de fer n’a et ne peut avoir qu’une seule gare, et par conséquent un seul point abordable pour un même centre industriel ; c’est là que tout doit aboutir.