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DRAME-JOURNAL


DE


SOPHIE-DORORTHEE


FEMME DE GEORGE Ier.[1]




Le 16 novembre 1726, trois voitures de deuil quittaient la forteresse d’Ahlden, château féodal des ducs de Brunswick. Un écusson voilé d’un crêpe s’abaissait au-dessus de la porte ; le pont-levis retentissait sous le poids du catafalque, et le même blason, composé des armoiries écartelées de la maison d’Olbreuse en Poitou et de la maison princière de Brunswick-Lünebourg, se répétait sur le cercueil et sur les carrosses. Il était difficile de comprendre la solennité de ces funérailles en ce lieu pauvre et isolé. Dans la première voiture, il y avait une femme qui pleurait ; dans la seconde et la troisième, on apercevait quelques figures de cérémonie, physionomies plates de baillis, de surintendans et de dames d’honneur germaniques. Les eaux demi-glacées de l’Aller, éclairées d’un soleil gris et terne, la rue tortueuse du petit village d’Ahlden avec ses cailloux inégaux, la pauvre population étiolée de tisserands chétifs qui apparaissaient

  1. Memoirs of Sophia-Dorothea, consort of George I, chiefly from the secret archives of Hanover, Brunswick, Berlin and Vienna. London, 2 vol., H. Colburn, 1845.