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s’éveille. « O maître, vous vous taisez ; de grace, encore la ballade du Fils du Roi, » et l’astrologue continue ainsi :

A la surface de l’onde
Glisse le vaisseau royal,
Et les sept sœurs à la ronde :
Viens à nous, bel amiral !

Viens, nos chants doux et suaves
Te berceront désormais ;
Viens, tu verras nos palais !
Viens, nous serons tes esclaves !

Et le fils du roi, séduit,
Quitte son bord. O démence !
On l’accueille, on le conduit
Sous la vive transparence.

Vois la porte du sérail
Où t’attendent les sultanes !
Vois l’escalier de corail,
Les minarets diaphanes !

Cependant le même soir,
Sur l’océan solitaire,
L’étoile du ciel put voir
Un corps flotter vers la terre.

C’était le beau fiancé
Du chœur des nixes marines.
Sept blessures purpurines
Étoilaient son sein glacé.


Ici la même scène à laquelle nous avons assisté tout à l’heure se renouvelle ; le couplet qui nous a dit l’enivrement de la jeune fille sous les incantations de l’astrologue se reproduit en manière de refrain, et, comme dans les ballades de Schubert, à l’anxiété croissante de la mélodie, au ton plus orageux de l’accompagnement qui toujours davantage se complique, on sent les approches du dénouement. — Donc, la princesse Liligi demande une autre histoire ; Dracon obéit : ce sera la dernière. Il chante, il chante ! et sa lèvre, sur la fin, effleure encore la paupière de la jeune fille endormie. Plus d’histoires désormais ni de baisers ; cette fois Liligi ne se réveille pas : car cet homme est un magicien au service des nixes, et voilà cette nuit trois semaines qu’il s’est introduit, à la faveur d’un emploi mensonger, dans le palais du roi pour préparer le sortilège. Dracon s’empare du corps inanimé de